The Last Show
A Prairie Home Companion
Fiche technique
Mon avis
The Last Show, un titre prémonitoire (en VF) pour Robert Altman. Décédé le 20 novembre 2006, le cinéaste tirait sa révérence avec ce dernier long-métrage. Le scénario, qui s’inspire du contenu d’une vraie émission de radio, A Prairie Home Companion, créée dans les années 1970 et toujours diffusée, a été écrit par l’animateur du show, Garrison Keillor, qui joue aussi son propre rôle à l’écran. Altman a trouvé dans ce scénario la matière d’un film choral, dont il a souvent été friand, et l’occasion de raviver les souvenirs musicaux d’un de ses succès au cinéma, Nashville. Adepte, au cours de sa carrière, d’une forme parfois un peu sèche de distanciation critique, ironique voire satirique (notamment à l’égard de l’histoire et de la culture états-uniennes), le réalisateur opte ici pour une autre tonalité : ce morceau de culture populaire est croqué avec tendresse, mélancolie, nostalgie. Avec humour aussi, évidemment, mais un humour plus direct, moins vachard. Bref, il y a dans The Last Show une dimension sympathique et chaleureuse que l’on avait rarement ressentie dans la filmographie d’Altman. Elle doit beaucoup à la qualité d’écriture, fine et spontanée. Elle doit aussi au dispositif de mise en scène élaboré par le réalisateur : on passe d’un personnage à un autre, des coulisses à la scène, d’une vieille chanson émouvante à une blague à deux balles, en un va-et-vient très fluide, la caméra captant différents moments, différents endroits, souvent en plans-séquences. Voilà qui confère à ce quasi-huis clos, dont l’histoire se déroule presque en temps réel, un naturel alerte et réjouissant. On apprécie également le mélange de légèreté et de gravité introduit par deux personnages : le détective privé (Kevin Kline), tout droit sorti d’un polar des années 1950, tout en dérision, et la femme à l’imperméable blanc (Virginia Madsen), dont l’apparition précède chaque fois le décès d’un personnage. Une incarnation de la mort, sexy et angélique, qui fait penser au personnage de Jessica Lange dans All That Jazz (Que le spectacle commence). De quoi aborder la mort en douceur, le sourire en coin. Joli testament pour Robert Altman.
Frédéric Viaux (film vu le 21/08/2013)