Un jour sans fin
Groundhog Day
Fiche technique
Mon avis
L’idée de départ – vivre indéfiniment le même jour – est excellente et ouvre un champ de possibles bien exploité par le scénario. En résulte un comique de répétition, bien sûr, mais aussi une dimension transgressive délirante : puisqu’il n’y a plus de lendemain, les actes sont sans conséquence, donc tout est permis, tout peut être expérimenté (les courses-poursuites avec la police, les folies gourmandes, les diverses façons de se suicider…). Autre caractéristique intéressante : la capacité du personnage central à s’inscrire dans une durée (il y a bien pour lui une addition de jours, même si c’est chaque fois le même jour), alors que pour les autres personnages, les compteurs sont remis à zéro à chaque début de journée… Voilà qui confère au “héros” une capacité d’évoluer, de changer, alors qu’autour de lui, c’est le statu quo. En un jour, il peut ainsi apprendre à jouer du piano comme un pro, sculpter la glace en artiste. Et surtout apprendre à connaître parfaitement une femme pour la séduire, tout en oubliant ses propres réflexes égocentriques et cyniques pour s’ouvrir à des sentiments plus nobles… Cela donne des scènes de séduction particulièrement originales. Dommage que la résolution de l’intrigue repose sur une morale et un romantisme gentillets. On peut préférer la veine absurde et déjantée des trois premiers quarts du film. Mais l’ensemble est une vraie réussite : intelligente dans sa conception, dans sa réalisation (qui multiplie les points de vue sur un même lieu, une même action), et surtout très drôle. Cette réussite doit aussi évidemment beaucoup à l’interprétation de Bill Murray (servi par des dialogues souvent décapants) qui s’est visiblement éclaté dans ce rôle hors norme.
À noter également l’apparition de Michael Shannon (Les Noces rebelles, Take Shelter…), alors tout jeune.
Frédéric Viaux (film vu le 26/08/1995, revu le 11/08/2014)