Under the Skin
Under the Skin
Fiche technique
Mon avis
Un film ovni qui colle à son sujet via un trip sensoriel d’une inquiétante étrangeté, ouvrant le champ d’une abstraction cauchemardesque vraiment inédite. L’image sombre et froide, la bande-son stridente et déroutante, l’exploitation du potentiel quasi surnaturel des paysages écossais, les « visions » sidérantes de cette eau noire qui absorbe les hommes et leur désir dru… Tout cela a un pouvoir fascinant, envoûtant. Cette adaptation dépouillée d’un roman de Michel Faber, très économe en mots mais d’une forte expressivité, bénéficie par ailleurs de l’interprétation de Scarlett Johansson dans le rôle d’un bel ange exterminateur, cherchant à perdre l’humanité par son point faible, ses pulsions sexuelles. Avec Scarlett à la manœuvre, la menace n’en est que plus concrète et crédible. Dépassant son statut de star, l’actrice y va franco dans le dévoilement de soi et rend surtout joliment perceptible la transformation intérieure de son personnage, passant d’une insensibilité absolue au trouble d’un éveil des sens et de la conscience. Curiosité, désir et compassion participent de cette humanisation progressive, au fil de rencontres qui permettent au personnage de cerner l’humanité dans sa diversité, dans ce qu’elle a de beau et de laid, de touchant et de révulsant, de doux et de violent… Sur un plan narratif, la suite de rencontres, par son côté répétitif et lent, par son côté catalogue thématique, constitue probablement un point faible. Mais l’intérêt du film est dans cette humanisation qui s’incarne et se désincarne douloureusement, dans sa poésie horrifique, dans son style graphique et sonore, pénétrant, qui laisse une impression unique et durable.
Under the Skin est le troisième long-métrage de fiction tourné par le Britannique Jonathan Glazer en treize ans, après Sexy Beast (2000) et Birth (2004). Superbe affiche.
Frédéric Viaux (film vu le 27/06/2014)