Une vie cachée

A Hidden Life

  • La piste aux étoiles

Fiche technique

Titre en VF
Une vie cachée
Titre en VO
A Hidden Life
Année (copyright)
2019
Réalisateur(s) et acteurs principaux
Réalisateur Terrence Malick, Acteurs, August Diehl, Valerie Pachner, Maria Simon, Tobias Moretti, Karin Neuhäuser, Matthias Schoenaerts, Bruno Ganz, Karl Markovics, Franz Rogowski, Ulrich Matthes, Wolfgang Michael, Johannes Krisch
Genre(s)
Biographie, Guerre
Thématiques
Chroniques de la vie paysanne, Guerre 1939-1945, Résistance 1939-1945, Prisons, Peine de mort, Sauvagerie des honnêtes gens, Panthéisme, Poétique des éléments, Films de 2019
Pays de production
États-Unis,  Royaume-Uni,  Allemagne
Durée
2 h 55 min
Résumé
Franz Jägerstätter et sa famille vivent dans un joli coin vallonné de la campagne autrichienne, où ils exploitent une ferme et coulent des jours heureux. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Franz refuse d'abord de contribuer à l'effort financier, puis de servir dans l'armée allemande, estimant que la cause n'est pas juste. Des choix lourds de conséquences pour sa famille, mise au ban de la société, et pour lui-même...
IMDB

Mon avis

C’est probablement le meilleur film de Terrence Malick depuis un bon bout de temps. Le plus lisible. Le moins « mystique à tous crins », même si Dieu et la foi sont questionnés tout au long du film, même si le clocher du village apparaît le plus souvent possible dans le champ de la caméra… D’autres dimensions, humanistes et historiques, entrent heureusement en concurrence dans ce scénario qui trouve un meilleur équilibre entre la terre et le ciel, entre l’humain et le divin. Il y est question de justice, de conscience, de droiture morale, de liberté, de conformisme… Tout cela par le biais de l’histoire (réelle) d’un paysan plutôt taiseux, qui s’arc-boute contre les vents dominants, sans grand discours philosophico-politique, arguant simplement d’une intime conviction. Posture à la fois héroïque, égoïste et fatale, que Malick, en citant George Eliot en conclusion de son récit, célèbre comme l’acte non historique d’une vie cachée dont dépend finalement le bien du monde. Et son salut, d’une certaine manière. Le réalisateur s’engouffre dans le silence buté de son héros et dans les grands espaces autrichiens avec son lyrisme habituel… auquel on ne s’habitue quand même jamais tout à fait, tant il est traversé de fulgurances poétiques, de sensations inouïes, de compositions incroyablement picturales. La caresse du vent dans les blés, un banc de brume sur une vallée, les travaux des champs, un enfant qui court, une lumière qui filtre par la lucarne d’une prison et éclaire une nature morte… On touche parfois au sublime ; la réalisation et la photo sont à tomber par terre. Les espaces apparaissent comme « habités », illustrant un panthéisme de toujours. Et le temps, étiré, est comme « dolorisé », lent chemin de croix méditatif, qui ne cesse heureusement de tutoyer la beauté du monde à mesure que le héros marche vers sa fin. Alors, bien sûr, le film est trop long, un peu répétitif, lourd parfois. Mais il dégage une impression de magnificence et une force émotionnelle (à laquelle contribuent beaucoup les deux acteurs principaux) qui imprègnent durablement l’esprit et la chair. Et qui invitent, cette fois-ci, à une certaine indulgence quant aux travers emphatiques du maître…

Frédéric Viaux (film vu le 13/12/2019)

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