Vénus noire
Vénus noire
Fiche technique
Mon avis
Très ancré jusqu’ici dans la société contemporaine, le cinéma d’Abdellatif Kechiche plonge dans l’histoire, avec décors et costumes. Une orientation qui peut surprendre a priori. Cela dit, on retrouve le même réalisme social, ainsi que le traitement en longueur et les variations de rythme propres au style du cinéaste. Sur le fond, ça se radicalise. Vénus noire est un film extrêmement dur et noir, sans concession pour le spectateur. La charge contre le voyeurisme, le racisme, l’asservissement et une forme brute et froide d’inhumanité est implacable. Elle ne s’accompagne d’aucun contrepoids humaniste. Compte tenu du sujet, ce parti pris n’est peut-être pas critiquable, mais la démonstration, oui. Lourde, longue et répétitive. Le réalisateur enchaîne des scènes qui disent toutes la même chose : l’aliénation, l’humiliation, l’atteinte à la dignité de Saartjie Baartman. Avec une gradation dans la souffrance et le sordide. Sur 2 h 45, c’est particulièrement fastidieux. Le calvaire de cette pauvre femme devient aussi, un peu, le nôtre. Par ailleurs, sur une telle durée de film, le personnage principal évolue très peu. On le cerne finalement mal. Femme monolithique, soumise, passive, à l’exception d’une petite rébellion face aux scientifiques. Il y a peu matière à empathie. Sur le thème de la « monstruosité » et du regard des autres, on est loin des émotions et des nuances d’un film comme Elephant Man, par exemple.
Frédéric Viaux (film vu le 05/11/2010)