Whatever Works
Whatever Works
Fiche technique
Mon avis
Woody Allen est allé exhumer un scénario de l’époque de Manhattan et de Annie Hall, qu’il avait laissé de côté après la mort de Zero Mostel auquel il destinait le rôle principal. D’où un petit côté daté, qui contraste avec des films plus récents et peut-être moins typiquement alleniens, comme Match Point ou Vicky Cristina Barcelona. On retrouve ainsi un canevas très proche de celui de Manhattan, qui réunissait déjà un intello d’âge mûr (Woody lui-même) et une jeune femme (Mariel Hemingway). Sauf qu’ici, tout est exacerbé. L’intello est un ours hyper misanthrope, imbu de sa personne, cinglant. Et la jeune femme est une « chenille » écervelée. Bref : le génie incompris et la nunuche. Pour une version moderne de Pygmalion. Outre le côté « réchauffé », c’est l’aspect caricatural qui gêne le plus. Dans Manhattan, il y avait un heureux mélange de légèreté et de gravité, de drôlerie et d’émotion, une grâce très singulière. Et malgré l’aspect décalé de l’histoire, on y croyait. Là, on n’y croit jamais. La comédie paraît assez artificielle. D’autant que le film se conclut sur un happy end choral, où chacun trouve sa chacune, chacun trouve son chacun, chacune trouve ses chacuns… Pour peu, on se croirait dans un film d’Almodóvar ! Dernière réserve : cette volonté égocentrique du réalisateur de faire jouer son acteur principal avec ses tics à lui (langage et comportement).
Mais Woody sera toujours Woody. Et malgré tous les défauts de Whatever Works (que l’on pourrait traduire par « Peu importe, pourvu que ça marche »), on apprécie tout de même quelques dialogues mitraillettes et cette causticité portée par une verve « névrotique » qui semble inépuisable. On peut également s’amuser de certains gadgets de mise en scène, notamment lorsque Larry David s’adresse directement aux spectateurs.
Les acteurs : Larry David avait déjà fait de petites apparitions dans deux films de Woody Allen : Radio Days et Le Complot d’Oedipe. Sinon, il est plus connu aux États-Unis pour ses séries TV. Quant à Evan Rachel Wood, elle a surtout fait parler d’elle dans la presse people, en tant que petite amie du chanteur Marilyn Manson. On l’a aussi remarquée dans King of California, aux côtés de Michael Douglas.
Frédéric Viaux (film vu le 08/07/2009)