Zabriskie Point
Zabriskie Point
Fiche technique
Mon avis
C’est le premier film US de Michelangelo Antonioni, très ancré dans la réalité de l’époque (fin des années 1960, mouvements de contestation étudiante, répression policière…). Le cinéaste continue d’explorer son thème fétiche de l’incommunicabilité, non plus sur le terrain de l’intime, mais sur un plan social, générationnel, idéologique. Incommunicabilité entre une jeunesse éprise de liberté et un monde adulte bourgeois, matérialiste et autoritaire. Antonioni s’approprie une certaine mythologie nord-américaine (road-movie, grands espaces, grandes maisons symboles de réussite sociale) pour mieux la transgresser, la dynamiter. Il se laisse porter par une inspiration poétique et révolutionnaire, qui trouve son expression dans quelques scènes fortes : l’amour dans la vallée de la Mort, la déflagration finale, filmée au ralenti et sous de multiples angles… Liberté sexuelle et rêve d’une société qui vole en éclats. Tout cela sur une musique de Pink Floyd. On est en plein trip fantasmatique. Côté sémantique visuelle, on note une opposition entre les villes tentaculaires et le désert, les messages publicitaires saturant l’environnement urbain et une communication humaine, épurée, sensorielle. Sans oublier la présence récurrente de la couleur rouge. Au final, Zabriskie Point apparaît comme une balade romantique et explosive, certainement naïve, utopique, mais d’une grande beauté esthétique.
Accusé d’antiaméricanisme, le cinéaste italien a vu son tournage perturbé et son film mal accueilli à sa sortie, outre-Atlantique. Parmi les coscénaristes : Sam Shepard. Côté casting : l’acteur principal, Mark Frechette, a prolongé la rébellion dans la vie réelle, braquant une banque peu de temps après la sortie du film. Arrêté, jeté en prison, il y est mort en 1975. Moins dramatique : l’apparition non créditée d’Harrison Ford, alors tout jeune.
Frédéric Viaux (film vu le 03/04/2010)