Zero Theorem
The Zero Theorem
Fiche technique
Mon avis
Terry Gilliam renoue avec la science-fiction, tendance métaphysique, pour offrir un drôle de trip, ambitieux et délirant. Sur la forme, cela donne un mix d’éléments futuristes bariolés et d’inspiration néogothique (le superbe décor de l’église, le long manteau noir de Leth), agrémentés d’effets spéciaux un peu kitsch (les visions du néant). Sur le fond, le réalisateur s’engouffre dans la SF pour développer trois dimensions. 1, la critique sociale, via la peinture d’un futur qui accentue les dérives de notre présent : travail aliénant, monde orwellien sous surveillance permanente, déshumanisation des rapports humains, solitude… 2, la réflexion philosophique, via les éternelles questions sur l’existence de Dieu, le sens de la vie, la dialectique de l’ordre et du chaos… 3, une romance postmoderne, qui se noue et se dénoue entre réalité et virtualité. Tout cela est secoué bien fort dans l’imaginaire foisonnant de Gilliam et servi bien frappé par un excellent casting : Christoph Waltz, halluciné et hallucinant, une fois n’est pas coutume dans un premier rôle ; Mélanie Thierry, surprenante et convaincante en « objet sexuel », et semble-t-il à l’aise au cœur d’une production anglophone ; David Thewlis et Tilda Swinton, dans des rôles secondaires bien azimutés ; et Matt Damon, irrésistible en « boss » insaisissable, affublé de costumes « caméléon ». Côté scénario, on ne retrouve malheureusement pas le parfait tissage de Brazil, entre cauchemar absurde et logique implacable. La petite cuisine métaphorico-métaphysique de Gilliam apparaît parfois un peu fumeuse et pas forcément bien cuite au final, mais il y a suffisamment de bons morceaux à l’intérieur pour que l’on reste en appétit tout au long du film.
Frédéric Viaux (film vu le 20/09/2013)