Barton Fink
Barton Fink
Fiche technique
Mon avis
Formidable. C’est l’un des films les plus originaux des frères Coen (Joel à la réalisation, Joel et Ethan au scénario) et l’un de leurs meilleurs. C’est aussi leur dernier film indépendant, plus ou moins autoproduit, avant qu’ils ne soient attirés par les studios hollywoodiens comme leur malheureux héros, Barton Fink. Ironie du sort, c’est donc avec une satire hollywoodienne aux accents kafkaïens qu’ils vont s’ouvrir cette voie. Dans leur viseur : un patron de studio furieusement volubile, tout en démesure louangeuse ou assassine ; un producteur hyper stressé ; des scénaristes alcooliques ou névrosés jusqu’à la folie… Les frères Coen se sont inspirés du Hollywood des années 1940 et notamment de quelques modèles précis pour les personnages de scénaristes : Clifford Odets et Ben Hecht pour Barton Fink ; William Faulkner pour W. P. Mayhew. Avec ça, ils ont brodé une histoire surprenante et déroutante, mélange savoureux de drôlerie et d’angoisse. Une histoire d’abord réaliste qui évolue crescendo vers un surréalisme absurde, pur produit de l’esprit fragile et délirant du héros. Avec une intelligence malicieuse vraiment réjouissante, qui oscille entre cruauté et attachement presque tendre pour certains personnages, les réalisateurs-scénaristes parlent ainsi des affres de la création sous pression et d’un système infernal qui broie les talents. Leur inspiration follement originale est canalisée dans un scénario très construit, une réalisation très maîtrisée, témoignant d’un grand sens du détail. Et leurs acteurs sont assez géniaux, John Turturro et John Goodman en tête.
Festival de Cannes 1991 : Palme d’or, Prix de la mise en scène et Prix d’interprétation masculine pour John Turturro. Chef opérateur : Roger Deakins.
Frédéric Viaux (film vu le 19/05/1997, revu le 17/05/2015)