L’Assassinat du Père Noël
L'Assassinat du Père Noël
Fiche technique
Mon avis
C’est le premier film produit par la Continental, société française financée par les Allemands sous l’Occupation. Une société dirigée par Alfred Greven, francophile convaincu, qui a permis de faire éclore quelques œuvres sans propagande, en contournant la directive de Goebbels qui souhaitait des « films légers, vides et, si possible, stupides ». Aux commandes de ce premier film : Christian-Jaque, auteur prolifique du cinéma populaire français (69 films entre 1932 et 1985), qui avait déjà signé alors quelques succès, dont François 1er (1937) et Les Disparus de Saint-Agil (1938). Ce dernier succès était tiré d’un roman de Pierre Véry. L’Assassinat du Père Noël, aussi. Charles Spaak s’est chargé de l’adaptation et des dialogues (très bons). Et Christian-Jaque a semble-t-il bénéficié d’une certaine liberté artistique pour évoluer entre conte de Noël, intrigue policière et chronique villageoise. Le programme est original, pétri de rêverie poétique, d’inquiétante étrangeté et de divertissement bon enfant. Autour du père Cornusse et de sa fille, gentils rêveurs, le film comprend beaucoup de personnages secondaires hauts en couleurs (l’instituteur, le baron, le sacristain, la mère Michel…). Certains acteurs cabotinent joyeusement. L’histoire, quant à elle, part dans tous les sens. C’est un peu bancal mais mystérieux et rocambolesque. Et ça ne se prend pas trop au sérieux, à l’image de l’intervention finale du personnage de Bernard Blier, amusante et savoureuse. Pour autant, le fond n’est pas « vide » et « stupide ». La chronique villageoise, avec son lot de rumeurs, d’accusations intéressées et de belles hypocrisies, a sa causticité, tandis que le dénouement réserve peut-être une double lecture : variation sur l’univers des contes et métaphore politique (la France occupée dans le rôle de la Belle endormie ? De Gaulle dans celui du prince libérateur ?). À chacun sa lecture…
Frédéric Viaux (film vu le 24/12/1995, revu le 17/12/2015)