Madame de…
Madame de…
Fiche technique
Mon avis
C’est l’avant-dernier film de Max Ophüls, situé entre Le Plaisir (1952) et Lola Montès (1955). Librement adapté d’un roman de Louise de Vilmorin, il repose en partie sur une jolie boucle scénaristique, structure pour laquelle Ophüls avait déjà manifesté son goût dans La Ronde (1950). La mécanique narrative est plaisante, rythmée et soutenue par une caméra d’une merveilleuse mobilité. Le début du film est éblouissant en termes de réalisation. Et la suite confirme cette science du mouvement qui épouse avec subtilité les mouvements du cœur de Madame de… Un cœur d’abord un peu vide et futile, accordé à bonne distance aristocratique à celui de son mari, et pratiquant « la torture par l’espérance » avec ses prétendants… Un cœur qui s’éveille peu à peu à l’amour d’un homme, au gré des bals, au fil de scènes de danse brillamment chorégraphiées, dialoguées et montées. La légèreté va laisser place à la gravité ; le vaudeville va basculer vers le drame ; l’élégance va se teinter de cruauté. On peut être plus ou moins sensible à l’enjeu dramatique du film, une histoire d’amour impossible dans la haute société, mais il est difficile de ne pas admirer les idées de mise en scène de Max Ophüls et les mots ciselés de Marcel Achard, le jeu nuancé de Danielle Darrieux et le sourcil circonflexe de Charles Boyer.
Frédéric Viaux (film vu le 15/11/2000, revu le 11/09/2019 )