Ennio
Ennio
Fiche technique
Mon avis
Une somme et un pensum. Il faut d’abord saluer le travail d’enquête, de collecte et d’assemblage d’informations effectué par Giuseppe Tornatore, dont le souhait était manifestement de réaliser le documentaire le plus complet possible sur Ennio Morricone. La matière biographique et la matière artistique sont riches et passionnantes. Le meilleur du film, ce sont les propres récits du compositeur évoquant son enfance (son père ne voulait pas qu’il devienne médecin mais trompettiste…) ; sa culpabilité d’avoir « trahi l’art noble », la musique classique, au profit du divertissement, le cinéma ; son désir de reconnaissance ; et surtout ses processus créatifs, ses expérimentations, ses intuitions géniales. Se dessine le portrait d’un artiste boulimique, effervescent, intransigeant. D’une sensibilité toujours à fleur de peau. On se régale, par ailleurs, de la mise en perspective des récits du maestro avec des extraits des films où il est intervenu, extraits qui donnent envie de (re)parcourir toute sa filmographie. Tout ça, donc, c’est la somme, pur vecteur de réjouissance cinéphilique. Malheureusement, la forme même du documentaire n’est pas à la hauteur de ce petit bonheur. Mode narratif archi plan-plan, faisant se succéder des témoignages en plan fixe ; hagiographie parfois lénifiante d’une partie des intervenants ; souci encyclopédique de caser le maximum d’infos, de personnalités interviewées, d’extraits de films, jusqu’à l’indigestion sur la longueur du film (2 h 35) ; impression de zapping permanent qui empêche d’aller plus en profondeur sur telle idée, telle émotion, telle rencontre. Une perspective plus thématique, moins exhaustive, aurait sûrement été moins lourde que ce dispositif-poncif, ce classicisme chronologique, ce formatage « à l’américaine ».
Frédéric Viaux (film vu le 18/07/2022)