L’Écume des jours
L'Écume des jours
Fiche technique
Mon avis
Pour adapter l’inadaptable roman de Boris Vian, Michel Gondry était le cinéaste de la situation, certainement. Le seul auquel on pouvait immédiatement penser pour trouver des correspondances visuelles avec les mots de l’écrivain, pour réinventer la poésie du bouquin à l’écran, sans sombrer dans le ridicule. Il le prouve au début du film : on ouvre de grands yeux face aux inventions déployées, face aux mille et un détails qui parsèment chaque plan, face à la folie ambiante. On se réjouit de voir le pianoktail matérialisé ou d’assister au délire dansant du biglemoi, tout en longueur de jambes agitées. La fin, également, tient ses promesses en assumant vaillamment la noirceur tragique de l’histoire, via l’assombrissement progressif des couleurs et l’évolution déliquescente des décors. Mais le problème général du film est affaire de dosage, un problème qui fait penser aux écueils d’une autre adaptation littéraire bien barrée, celle de Zazie dans le métro, par Louis Malle. Dans le cas présent, aussi génial soit l’art du bricolage de Gondry, aussi amusante soit sa fantaisie, on se lasse peu à peu de ce déluge d’effets qui confine parfois, malheureusement, au gavage visuel. Qui plus est sur la longueur et sur un rythme toujours effréné. On aurait aimé des pauses, des respirations, des touches de simplicité… Pas sûr que le fait de passer tout le roman à la moulinette à images gondrienne ne desserve pas l’adaptation, dans le sens où la mécanique d’ensemble étouffe peu à peu la fraîcheur et la poésie du texte source, la petite musique émouvante de Vian. Elle étouffe aussi les acteurs et leurs personnages. Bref, l’image finit par tuer le verbe, et Gondry par bouffer Vian. Dommage, car le cinéaste avait trouvé quelques jolies clés pour pénétrer dans l’univers de l’écrivain.
César 2014 des meilleurs décors. L’Écume des jours avait déjà été adaptée au cinéma dans les années 1960 par Charles Belmont, avec Jacques Perrin et Annie Buron.
Frédéric Viaux (film vu le 30/04/2013)
Tentative courageuse de s’attaquer à ce roman de chevet poétique et éclairé. Les effets spéciaux sont un peu envahissants quoique spectaculaires. Je n’ai guère retrouvé la fraîcheur et l’étrangeté poétique du texte de Vian. Malheureusement, à part Romain Duris et Charlotte Le Bon, les autres acteurs ne sont pas très convaincants et ne semblent pas avoir lu le bouquin…