Intolérance
Intolerance: Love's Struggle Throughout the Ages
Fiche technique
Mon avis
Si l’on oublie la lourdeur démonstrative du propos général et le côté pompier et naïf du couplet final, il faut reconnaître les qualités de cette grande fresque historique et œuvre phare du cinéma muet : réalisation spectaculaire et inventive, décors monumentaux, gestion d’une multitude de figurants, montage haletant à la fin. Sur le plan narratif, la façon d’entremêler les histoires se révèle très moderne et permet de maintenir la curiosité du spectateur sur toute la durée du film (3 h). Ainsi, cette première superproduction made in USA demeure, aujourd’hui encore, impressionnante.
L’histoire de sa réception est également très intéressante. Apprécié par la presse et par l’intelligentsia à sa sortie aux États-Unis, en 1916, le film ne fut pourtant pas compris par le public. En 1917, lors de l’entrée en guerre du pays, on le retira même de l’affiche, son message de paix et de fraternité étant jugé peu opportun. Idem en France. C’était une époque où il était de bon ton d’être belliqueux et où l’on censurait les œuvres pacifistes… Intolérance ne fut exploité dans les salles françaises qu’en 1919. Mais sans l’épisode de la Saint-Barthélemy… Là encore, le public ne fut pas très emballé. On divisa alors le film en épisodes, projetés séparément. C’est La Chute de Babylone qui eut le plus de succès.
Parmi les assistants de Griffith, on trouve de futurs grands réalisateurs : Van Dyke, Stroheim, Browning (qui apparaissent aussi à l’écran). On remarque également dans le casting, sans être crédités : King Vidor, Frank Borzage ou encore Douglas Fairbanks.
Voici enfin un témoignage de l’actrice Lillian Gish, dans Films and Filming (janvier 1970), repris par François Guérif dans Ciné miscellanées : « D. W. Griffith est le père du cinéma. Il l’a créé tout seul, de façon artisanale. Faites-vous projeter les films de 1900 et regardez ce qu’ils étaient, puis regardez les siens et vous commencerez à comprendre ce qu’il a fait avec la caméra. Et avec les acteurs. D’autres ont suivi, mais il est celui qui a donné aux films leur forme et leur grammaire. Il a tourné son premier film parlant en 1921, mais il l’a mis de côté, parce qu’il pensait qui se suicidait professionnellement parlant. Avec les films muets, il parlait au monde entier ; avec le parlant, il ne pouvait toucher que le public parlant anglais, soit seulement six ou sept pour cent de la population mondiale. »
Frédéric Viaux (film vu le 10/11/2007)