Wrong Cops
Wrong Cops
Fiche technique
Mon avis
Après Wrong : Wrong Cops. L’électro(n) libre Quentin Dupieux (réalisateur et compositeur de musique) a repris le personnage de flic interprété par Mark Burnham dans son précédent long-métrage, qu’il a d’abord mis au centre d’un court-métrage auquel il a ensuite ajouté et mêlé d’autres « chapitres » pour aboutir à ce Wrong Cops, sorte de chronique trash et absurde d’une brigade de police à Los Angeles. Ici, pas de dérèglement du quotidien à la façon de Wrong, énigmatique et poétique. Pas de parodie ou de pastiche à la façon de Rubber. Mais une pochade qui prend la forme d’un ersatz de série policière US, ersatz déjanté et détraqué. Dupieux y va franco en matière de mauvais goût (à commencer par la charmante affiche) et noue une intrigue improbable où il est question de drogue et d’animaux morts, d’obsessions sexuelles en tous genres, d’un macchabée mélomane… On sent dans le film la jubilation insolente d’un sale gamin très doué, qui se permet toutes les grossièretés et tous les délires. C’est cette liberté désinvolte et potache qui détone à chaque scène. Dupieux a le don d’être imprévisible, tout en dégageant une vraie maîtrise en termes de mise en scène et de narration. Alors certes, ce nouvel opus est moins ambitieux sur le fond que les précédents, plus gratuit, plus linéaire et moins travaillé formellement (volontairement plus cheap sur le plan visuel), mais il est vraiment réjouissant dans son non-sens et ses audaces. Le récit est truffé de scènes désopilantes, notamment la rencontre entre le producteur de musique, le flic compositeur-borgne-et-bossu (interprété par l’excellent Éric Judor) et son acolyte plus mort que vivant, ou encore l’enterrement final, furieusement irrévérencieux… On s’amuse aussi des contributions de quelques acteurs inattendus, comme Marilyn Manson (en ado à casquette !) ou Eric Roberts (sorti des limbes de l’oubli…). Bref, avec tout ce petit monde, le réalisateur continue à creuser un sillon surréaliste bien à lui. Et on est toujours prêt à le suivre dans sa dinguerie…
Dernière remarque sans intérêt : Wrong Cops est pour l’instant le titre le plus long d’une filmographie aux échos lapidaires : Steak, Rubber, Wrong.
Frédéric Viaux (film vu le 05/04/2014)