Beau Travail
Beau Travail
Fiche technique
Mon avis
Avec l’aide d’un chorégraphe, Claire Denis a mis en scène un singulier ballet militaire, proposant une approche visuelle très physique des corps masculins, saisissant leur beauté et leur puissance brutes, leurs mouvements déliés ou heurtés. Des hommes isolés dans un décor désolé, ouvert, capté de manière très graphique, avec des lignes épurées et une belle poétique des éléments, dominée par l’air et la terre. Au niveau sonore, un mélange étonnant : du silence, quelques tubes de dance floor, une chanson de Neil Young, un chœur aux accents lyriques graves…
Ce film est un poème hypnotique, fascinant. À la limite de l’abstraction dans sa perspective générale, tout en étant très concret dans ses détails (le quotidien des légionnaires à Djibouti, entre exercices physiques, travaux publics, tours de garde, lessives, séances de repassage, soirées dansantes…), le scénario repose sur une trame minimaliste et mystérieuse, avançant par bribes allusives. Il y est question d’admiration et de jalousie, d’ambiguïté (sexuelle ?) et de rapports de forces. Le sentiment d’absurde qui se dégage du récit et la contemplation de grands espaces vides rappellent par ailleurs que Claire Denis fut l’assistante de Wim Wenders et Jim Jarmusch. Côté interprétation, Denis Lavant impressionne, notamment dans la scène de danse finale : une formidable catharsis parachevant un beau travail, effectivement.
D’après le roman Billy Budd de Herman Melville.
Frédéric Viaux (film vu le 10/07/2003, revu le 26/11/2024)