Une bataille après l’autre
One Battle After Another
Fiche technique
Mon avis
Après Inherent Vice, c’est la deuxième fois que Paul Thomas Anderson adapte (très librement) un roman de Thomas Pynchon. Ici : Vineland. Cela donne un trip polymorphe, polygenre. Entre film d’action, film politique, comédie, drame voire mélo. Le scénario a de fortes résonances contemporaines en décrivant les dérives fascisantes de la politique US, notamment en matière de traitement de l’immigration, en évoquant la montée en puissance des suprémacistes blancs et en suivant l’évolution d’un mouvement radical de gauche. La peinture et les considérations politico-sociales sont à la fois vaguement inquiétantes et drôles. C’est sans manichéisme, certes, mais sans vrai discours non plus, le sens de l’absurde et le souffle de dérision balayant l’ensemble, avec une prime à la légèreté. Cela fait le charme du film, mais aussi probablement sa limite. Pas sûr qu’on atteigne quelque chose de grand ou de marquant en matière politique ou dramatique, comme beaucoup de critiques l’ont souligné de manière dithyrambique, mais on est assurément devant un bon divertissement, à l’inspiration un peu folle. C’est très bien rythmé (on ne voit pas passer les 2 h 40), très bien réalisé et très bien interprété. Voir Leonardo DiCaprio évoluer en révolutionnaire en robe de chambre, amateur de fumette, père parano, aimant et émotif, est tout à fait réjouissant. On peut aussi s’amuser des tics et de la dégaine du personnage outrancier incarné par Sean Penn. Mais ce qui déclenche le plus souvent l’hilarité, c’est le jeu autour des codes et autres mots de passe issus du “Manuel de la rébellion” et fâcheusement oubliés par l’antihéros du film. Une veine comique plus détonante et convaincante que la veine sentimentale, morale et consensuelle qui irrigue le dénouement.
Musique (aux accents parfois insolites) de Jonny Greenwood.
Frédéric Viaux (film vu le 24/09/2025)