À la merveille

To the Wonder

  • La piste aux étoiles

Fiche technique

Titre en VF
À la merveille
Titre en VO
To the Wonder
Année (copyright)
2012
Réalisateur(s) et acteurs principaux
Réalisateur Terrence Malick, Acteurs, Ben Affleck, Olga Kurylenko, Rachel McAdams, Javier Bardem, Tatiana Chiline, Charles Baker, Romina Mondello
Genre(s)
Drame, Amour
Thématiques
Couples en crise, Mysticisme, Panthéisme, Prêtres, Poétique des éléments, Paris, Films de 2012
Pays de production
États-Unis
Durée
1 h 50 min
Résumé
Entre Paris et le mont Saint-Michel, Neil et Marina vivent une passion amoureuse. Marina et sa fille vont quitter Paris pour suivre Neil aux États-Unis et s'installer chez lui. Les débuts de la vie commune sont idylliques. Mais peu à peu, Marina étouffe... Et les relations du couple se compliquent.
IMDB

Mon avis

L’amour entre un homme et une femme, l’amour de Dieu, le désir, le doute, la foi… Terrence Malick nous parle d’amour au sens large, sensuel et spirituel, sur un mode qui est le sien depuis Le Nouveau Monde : entre évanescence et réminiscence, tout en fragments poétiques, impressionnistes, loin des canons narratifs. On retrouve ici le lyrisme de l’auteur, à la fois très concret dans son approche des corps et de la nature, et très métaphorique. Une poétique des éléments accompagne l’histoire d’amour centrale entre le personnage de Ben Affleck, très terrien, et celui d’Olga Kurylenko, très aérien. Ce n’est pas un hasard si l’un des cadres premiers de leur passion est le mont Saint-Michel, un lieu situé entre la terre et le ciel, un lieu qui donne d’ailleurs son titre au film. L’esthétique d’À la merveille est superbe, comme toujours chez Malick, grâce notamment à une photographie très inspirée. Le film est traversé d’éclairs de beauté stupéfiants et de moments d’une étrangeté fascinante, comme la scène au milieu des bisons. Tout cela est donc très beau, mais dégage aussi malheureusement deux sentiments de déception.
D’abord, on a l’impression que Malick a perdu sa grâce naturelle, celle qui émergeait des récits de ses premiers films. En conduisant ses histoires vers l’abstraction (dans laquelle, ici, soit dit en passant, Ben Affleck semble complètement perdu), en noyant son propos dans une méditation mystico-amoureuse, et en faisant de chaque plan, de chaque scène, un exercice de style bien léché, le réalisateur adopte une position de plus en plus maniériste. Un maniérisme qui se ressent d’autant plus que le fond est de moins en moins convaincant. Ici, aborder les problèmes de couples sans dialogues, ou presque, est un parti pris audacieux, certes, mais pour quel résultat ? Une approche flottante d’un mal de vivre, qui n’a hélas rien de transcendant. La transcendance, parlons-en justement, puisqu’elle est au cœur de la filmo de Malick depuis quelque temps. Il y a dans À la merveille un personnage de prêtre qui questionne son rapport à Dieu et aux hommes. Mais là encore, son profil est plus esquissé que développé. C’est dommage.
Second sentiment de déception : une impression de déjà-vu en général et de répétition visuelle au sein même du film. Malick ne cesse de tourner et de retourner autour de ses personnages, jusqu’à donner un peu le tournis. Il use et abuse aussi des images de champs, au demeurant très belles. Bref, À la merveille semble être l’œuvre d’un cinéaste génial qui commence à tourner en rond avec ses thèmes fétiches et ses images obsédantes, tout entier absorbé par sa propre virtuosité.
Dans les années 1980-1990, entre Les Moissons du ciel et La Ligne rouge, on a regretté le silence et l’absence de Malick. Maintenant qu’il enchaîne les réalisations (deux films sortis en deux ans, un autre en préparation, Knight of Cups), on regrette qu’il ne prenne pas plus son temps pour se renouveler sur le fond comme sur la forme, et nous surprendre à nouveau.

Frédéric Viaux (film vu le 08/03/2013)

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