A Most Violent Year
A Most Violent Year
Fiche technique
Mon avis
La mise en danger, l’intégrité physique et morale, la résistance face à l’adversité : trois thèmes récurrents dans la petite filmographie de J.C. Chandor. Le réalisateur a su se démarquer du lot commun en cultivant une qualité et un éclectisme qui donnent envie de le suivre. Après la haute finance (Margin Call) et la haute mer (All Is Lost), il nous plonge dans le chaos new-yorkais des années 1980 avec ce drame tout en violence sourde, drame sombre et sobre, lent mais intense, centré sur une figure d’immigré qui croit au rêve américain, celui de la réussite individuelle, par le droit chemin. Un parangon de vertu dans une Grosse Pomme pourrie jusqu’au trognon. Beau portrait, servi par un excellent Oscar Isaac qui marche dans les pas d’Al Pacino. Avec en contrepoint une Jessica Chastain toujours très juste. J.C. Chandor dirige ses deux acteurs principaux à merveille, fait preuve d’intelligence narrative, d’une grande maîtrise dans sa réalisation, très classe, très classique, qui bénéficie par ailleurs d’un beau travail photographique en matière de clair-obscur. Au cours du récit, on songe aux ombres new-yorkaises décadentes de The Yards (James Gray), aux lenteurs élégantes et puissantes du Parrain (Francis Ford Coppola), à la droiture forcenée de Serpico, le personnage qui donne son nom au film de Sidney Lumet. Un peu moins au style de Martin Scorsese, plus explosif. Au final, J.C. Chandor s’accommode fort bien des références du genre pour proposer un thriller moral, doté d’une belle acuité sociopolitique et d’une belle ambiance pesante. Ne manquent qu’un ou deux éléments retentissants, dans le scénario, pour emballer et transcender l’ensemble.
Frédéric Viaux (film vu le 31/12/2014)