As bestas
As bestas
Fiche technique
Mon avis
Un thriller réaliste, fondé sur une opposition entre des néoruraux expatriés, instruits, légèrement condescendants, et certains « locaux » miséreux, rustres, xénophobes… On n’échappe pas aux clichés, mais le scénario est assez bien écrit pour apporter ici et là des nuances bienvenues. Cette opposition, au-delà de sa résonance contemporaine, sociétale, trouve des racines plus profondes et intemporelles, dans l’opposition nature/culture. En termes de lignée cinématographique, sur ce sujet, on songe inévitablement à Délivrance, aux Chiens de paille… Mais tout en cultivant une tension permanente, une violence latente, As bestas est cependant moins explosif. Plus lent et répétitif aussi, un peu long même, jusqu’à une ellipse qui vient relancer la narration. La mise en scène de Sorogoyen est comme toujours soignée et efficace (superbe introduction au ralenti) ; l’interprétation est convaincante (avec une mention pour Marina Foïs qui trouve là probablement son meilleur rôle à ce jour). Le scénario a ses petites failles (logiques ou explicatives – les enjeux du projet éolien auraient gagné à être plus clairement présentés), ses moments forts (un dialogue intense entre mère et fille, vers la fin) et une conclusion intéressante, qui enterre la bêtise et la violence masculines au profit d’un renouveau féminin. Quant à la musique, elle n’est pas toujours utilisée subtilement, annonçant artificiellement les pics dramatiques. Au demeurant, malgré ses faiblesses, le film capte par son atmosphère et ses « gueules » de cinéma.
César 2023 du meilleur film étranger.
Frédéric Viaux (film vu le 21/07/2022)