Assurance sur la mort
Double Indemnity
Fiche technique
Mon avis
« Le plus grand film jamais réalisé », selon Woody Allen. Sans aller jusque-là, on peut facilement admirer ce pur classique du film noir, avec une femme fatale et manipulatrice, un brave type qui se laisse abuser, un scénario qui mêle sexe et argent, qui suinte l’échec et l’ironie, un flash-back, un noir et blanc très contrasté. Tout cela servi par Billy Wilder. La grande classe. Et c’est aussi une renaissance du genre, en 1944, après des années de guerre où les films noirs avaient cédé la place aux films plus patriotes et positifs. Au même titre que Le Facteur sonne toujours deux fois, cette œuvre est tirée d’une nouvelle de James M. Cain. Les deux textes avaient d’ailleurs été stigmatisés par le Code Hays pendant des années, avant que la censure ne se relâche. Mais ce n’est pas Cain lui-même qui a écrit le scénario d’Assurance sur la mort, pour des raisons de contrat et d’exclusivité avec un studio. Wilder a fait appel à un autre écrivain, Raymond Chandler, dont on dit qu’il n’aimait guère le cinéma, ou tout du moins qu’il ne s’intéressait qu’aux atmosphères et peu aux récits. En témoignent Le Faucon maltais ou Le Grand Sommeil dont les intrigues ne sont pas des plus limpides… Cela dit, pour ce film, Chandler a dû faire un petit effort, parce que la mécanique narrative est sacrément bien huilée. Et côté casting, c’est la première fois que l’on confiait des rôles de meurtriers à deux stars (Barbara Stanwyck et Fred MacMurray), habituées jusqu’ici aux personnages sympathiques.
Musique : Miklós Rózsa.
Frédéric Viaux (film vu le 12/02/2008)
Billy Wilder à la mise en scène, Raymond Chandler au scénario d’après une nouvelle de James Cain, des acteurs à contre-emploi… Rien d’étonnant à ce que ce film soit devenu un chef-d’œuvre du film noir. À partir d’une intrigue implacable, la virtuosité de la caméra de Wilder, la photo contrastée, la narration en flashback dramatisé et la prestation de Barbara Stanwick contribuent à sa réussite. Wilder rend le spectateur témoin des ruses des deux personnages principaux, dont celui de Stanwick, garce jusqu’au bout de la cheville barrée d’une gourmette perverse. L’actrice personnifie la femme fatale dans toute sa splendeur, en respirant l’intelligence vénéneuse. Dommage qu’en face d’elle Wilder ait choisi Fred MacMurray, acteur de comédies familiales, au lieu d’un Dana Andrews ou d’un William Holden, pour incarner ce personnage trop sûr de lui pour ne pas être vulnérable. Malgré ça, le film reste inoubliable pour sa peinture d’un couple criminel.
Implacable et captivant.