Charlot soldat
Shoulder Arms
Fiche technique
Mon avis
Chaplin, en tant que citoyen britannique, n’a pas participé directement à la Première Guerre mondiale. Il aurait pu, mais il a été réformé. Il a toutefois œuvré pour collecter des fonds destinés à soutenir l’effort de guerre et a réalisé ce film qui a connu un grand succès, apportant au public d’alors un peu de légèreté dans un contexte difficile. Le pari était risqué : faire une comédie sur la guerre en 1918… Mais Chaplin était alors en pleine ascension, changeant régulièrement de studio pour accroître son autonomie, ses moyens, ses revenus. Accroître aussi la longueur de ses métrages. Ce film (un moyen-métrage après beaucoup de courts) marquait son passage de la Mutual à la First National, dernière étape avant la cocréation de United Artists (avec Griffith, Fairbanks et Pickford, en 1919). Tout lui souriait. Il avait foi en son intuition et en son talent. Et ce projet de comédie lui a souri.
On retrouve l’inventivité de Chaplin, devant et derrière la caméra, dans un registre classique de comique de geste et situation. On s’amuse, au début, des maladresses de Charlot. Puis de la présentation du camp allemand, avec des soldats géants et un caporal tout petit. Puis de la scène du fromage (que l’on imagine français) qui implique le port d’un masque à gaz et devient une arme jetée vers le camp ennemi (hilarant). En termes de mise en scène, la séquence qui voit Charlot se déguiser en arbre est plaisante, mais la plus originale est sans conteste celle de la tranchée inondée (formidable).
Au final, un pirouette achève ce film sympathique, plus gentiment bouffon que profondément antimilitariste. Chaplin fera bien sûr plus subtil et plus fort, lors de la Seconde Guerre mondiale, avec le Dictateur.
Frédéric Viaux (film vu le 28/12/1997, revu le 17/02/2023)