Conversation secrète
The Conversation
Fiche technique
Mon avis
Un excellent thriller d’espionnage, réalisé et diffusé juste avant l’affaire du Watergate, et donc annonciateur à sa manière de ce scandale. Francis Ford Coppola rend parfaitement compte de cette période des années 1970, avec ses avancées technologiques qui permettent toutes sortes de pratiques intrusives et abusives dans la vie privée, son climat social de méfiance et de défiance. En évoquant le pouvoir de l’image et du son, et en jouant habilement d’une confusion entre apparence et vérité, il s’inscrit aussi dans le sillage d’Antonioni et de son Blow Up, mais en développant un style différent : réaliste, sobre, tendu, d’une ingéniosité (en termes de réalisation, de montage d’images et de sons) totalement en adéquation avec le profil du personnage central. Personnage dont Coppola dresse un portrait complexe et passionnant : celui d’un homme secret et seul, obsessionnel, doté d’une carapace vaguement inhumaine, qui se fissure… Gene Hackman est l’acteur idéal pour ce rôle, avec son physique passe-partout et sa capacité à exprimer névroses et tourments de manière retenue et intense à la fois. Il donne formidablement à voir une certaine descente aux enfers de la culpabilité et de la paranoïa, jusqu’aux portes de la folie. La séquence finale, au terme d’un scénario renversant, avec crescendo angoissant, est mémorable.
Palme d’or au festival de Cannes 1974.
Frédéric Viaux (film vu le 28/11/1999, revu le 02/12/2024)