Faux-Semblants
Dead Ringers
Fiche technique
Mon avis
David Cronenberg est descendu dans des abîmes jamais atteints en matière d’expression de la gémellité. Adapté d’un roman de Bari Wood et Jack Geasland (Twins), son film est redoutablement intelligent et déstabilisant. Sur le fond, il brode un canevas complexe et douloureux autour du thème de l’identité des jumeaux, de la schizophrénie, du rapport dominant/dominé. Unicité impossible, altérité impossible. Pas d’autre issue que la folie. Comme souvent chez Cronenberg (ancien étudiant en médecine), les dérives psychologiques sont associées au thème de la mutation ou de la mutilation des corps. Ici, sans effet de style, il suffit au réalisateur de filmer une salle d’opération avec des intervenants vêtus de rouge ou des instruments chirurgicaux bizarres pour créer un sentiment de malaise, puis d’effroi. L’univers visuel est glaçant, la mise en scène précise. Seul effet spécial majeur (pour l’époque) : un dispositif permettant de réunir à l’écran Jeremy Irons et son double. L’acteur a joué dans des conditions difficiles deux rôles éprouvants. Sa performance est incroyable. Et le film, fascinant.
Grand Prix au festival d’Avoriaz 1989. Musique : Howard Shore.
Frédéric Viaux (film vu le 26/02/1994, revu le 07/02/2011)