Fermer les yeux
Cerrar los ojos
Fiche technique
Mon avis
Cinéaste rare (quatre long-métrages en soixante ans de carrière), Víctor Erice surprend avec ce retour tardif, à plus de 80 ans, et avec un style plus classique et accessible que celui de L’Esprit de la ruche, son film le plus connu. Au programme : du romanesque au long cours et à tiroirs, « à l’ancienne », autour d’une disparition mystérieuse ; un hommage au cinéma, sous forme de mise en abyme ; et une dimension testamentaire (le film dans le film s’intitule Le Regard de l’adieu). Erice donne le temps au temps (un peu trop peut-être, mais avec science) pour évoquer le passé de ses personnages principaux, entre mémoire et oubli, pour laisser couler spleen et tristesse, pour questionner le « savoir-vieillir », « sans peur et sans espoir ». Si l’on passe outre quelques incohérences (notamment les écarts d’âges mal gérés entre les protagonistes), le maquillage moyennement réussi pour vieillir Manolo Solo et certaines scènes pas forcément nécessaires, on se laisse agréablement embarquer par ce récit qui tire sa force, sa beauté, son émotion de sa simplicité, de sa teinte crépusculaire, de son parfum d’antan. Avec à la clé quelques jolies scènes, dont une, très chaleureuse, qui semble improvisée, un soir, autour d’une table, entre quelques amis qui entonnent une chanson de cow-boy, accompagnée à la guitare.
Frédéric Viaux (film vu le 27/08/2023)