Frankenstein – L’homme qui créa un monstre
Frankenstein
Fiche technique
Mon avis
Le roman de Mary Shelley avait déjà connu au moins trois adaptations au temps du muet (en 1910, Frankenstein, par J. Searle Dawley ; en 1915, Life Without Soul, par J. W. Smiley ; en 1920, Il mostro di Frankenstein, par E. Testa), mais c’est véritablement ce film qui fait référence, en s’imposant comme un classique et la matrice de nombreuses suites. À commencer par La Fiancée de Frankenstein, que tournera James Whale lui-même, quatre ans plus tard. Un classique, donc. Mais pas parfait. Très court, ce petit long-métrage manque globalement de complexité, de nuance. Les thèmes de la création de la vie et du défi à Dieu sont peu développés, et les personnages gravitant autour du monstre s’avèrent peu travaillés. Le scénario aurait gagné à être plus ample, plus fluide aussi. Et l’épilogue laisse franchement à désirer. Cela dit, il y a bien des éléments marquants dans ce Frankenstein. D’abord, la composition de Boris Karloff qui rend touchant son personnage de monstre effrayé, criminel malgré lui, persécuté. Son nom restera à jamais attaché à ce rôle (refusé initialement par Bela Lugosi, puis par John Carradine). L’interprétation est renforcée par le maquillage de Jack Pierce, qui fera également date. En outre, il y a au moins trois scènes d’anthologie dans ce film : celle du cimetière, au début, avec la mort qui campe dans le paysage ; celle de la rencontre poético-tragique avec la petite fille, joli moment d’innocence meurtrie ; et l’une des dernières séquences, l’incendie du moulin. À noter pour terminer : la qualité de l’image et des décors, d’inspiration expressionniste et gothique.
Le film a connu un grand succès public à l’époque de sa sortie. Quelque temps plus tard, avec le code Hays, deux scènes seront censurées : celle où Frankenstein s’écrie « Maintenant je sais ce que c’est que d’être Dieu » et la fin de celle qui réunit la créature et la petite fille.
Frédéric Viaux (film vu le 21/06/2011)