Godland
Vanskabte Land - Volaða Land
Fiche technique
Mon avis
Un film follement beau, centré sur une aventure humaine à la fois minimaliste et extrême, sur une île « impitoyable », « terriblement magnifique ». Une île qui défie les corps et les esprits, les sentiments et la foi. Où la nature épuise l’homme, le rend fou ou le tue, sans prévenir. L’Islande. Montagnes enneigées, vallées vertes, volcans en éruption, rivières glacées et plaines arides. L’Islande. Terre misérable (titre du film en VO) qui a inspiré à Hlynur Pálmason une expérience esthétique et sensorielle, austère et fascinante. Pour évoquer le temps des colons danois en Islande, le réalisateur islandais a opté pour un format d’image à l’ancienne, aux angles arrondis, qui rappelle le temps des pionniers du cinéma. Il restitue les découvertes de son héros en épousant l’une de ses ambitions, photographique. Paysages et portraits ad hoc. Simplicité et beauté du cadre, de la lumière. Une captation sans esbroufe mais riche en idées pour définir une poétique des éléments, pour exprimer le passage des saisons, les conditions de vie rudimentaires, les amoindrissements du vivant. Quelques images fortes en plan fixe : le cadavre d’un cheval, qui se décompose au fil du temps ; le prêtre en tenue d’office, assis dans la boue, le visage souillé, le regard figé. Quelques images fortes en mouvement : les travellings dans la grisaille du road-trip, au début de l’histoire ; le panoramique durant la séquence du mariage. Réalisation très inspirée, qui prend aussi le temps de dire combien il est difficile de trouver et facile de perdre, et comment, paradoxalement, l’ambition et la raison humaines trouvent leurs limites en champs ouverts.
Frédéric Viaux (film vu le 23/12/2022)