Guilty of Romance
Koi no tsumi
Fiche technique
Mon avis
Érotisme, thriller, horreur… On est dans la tradition du « roman porno » japonais, qui est apparue à la fin des années 1960 et s’est épanouie lors de la décennie suivante. Sion Sono, réalisateur prolifique mais dont les films sont restés jusque-là inédits en France, cuisine les codes du genre à sa sauce contemporaine, pop, kitsch, trash, avec quelques touches surréalistes. Il apprécie aussi manifestement la littérature : sont évoqués ou cités Le Château de Kafka, les poèmes de Tamura… L’histoire n’est pas sans piquant, sur fond de fascination malsaine, de libération et de déchéance sexuelles, entre Éros et Thanatos. Mais le cadre narratif déçoit par son manque d’originalité : scène d’exposition avec découverte d’un corps mutilé, flash-back et enquête policière, résolution finale qui tient de la psychanalyse de bazar et du grand-guignolesque. Bref, un canevas de thriller classique qui ne répond pas à une inspiration stylistique parfois détonante. Le cinéaste aurait pu aller plus loin dans sa fantaisie, sur un mode moins narratif, plus abstrait, plus mystérieux. On regrette aussi l’outrance dans l’expression des névroses sexuelles : une hystérie démonstrative et bruyante, bizarrement accompagnée d’une BO classique et lyrique, omniprésente. Tout cela finit par lasser sur la longueur.
Guilty of Romance est le dernier volet d’une « trilogie de la haine », après Love Exposure et Cold Fish.
Frédéric Viaux (film vu le 27/07/2012)