Hors Satan
Hors Satan
Fiche technique
Mon avis
Deux tendances mystiques et cinématographiques s’opposaient nettement lors du festival de Cannes 2011, à travers les films de Terrence Malick (The Tree of Life) et de Bruno Dumont (Hors Satan), le premier ayant été présenté en compétition officielle, le second dans la sélection « Un certain regard ». Malick parlait à Dieu dans un trip cosmique et lyrique, avec une virtuosité flamboyante ; Dumont évoquait la lutte contre Satan au fin fond du Nord-Pas-de-Calais, avec austérité et rudesse.
Il y a dans le cinéma de Bruno Dumont (dans L’Humanité, notamment) une dimension « sans concession », volontairement désagréable et inconfortable, qui force la curiosité ; sa radicalité et sa brutalité peuvent exercer une certaine fascination et susciter un vrai questionnement. Le cinéaste suit, depuis ses débuts, une voie qu’ont empruntée d’autres réalisateurs illustres avant lui (Dreyer, Bresson, Pialat…), celle de la transcendance, sur le mode ascétique. Il trace un sillon contemporain, avec audace et ambition spirituelle. Le problème, ici, ce n’est pas le minimalisme de l’histoire ou le dépouillement stylistique, mais l’aspect schématique de la vision de l’auteur, de sa perception du monde. En gros, l’humanité sombre dans le vice et le crime. Satan est partout et détruit les innocents. Seul un exorciste, vagabond aux allures christiques, peut repousser ses assauts. Dumont donne l’impression de porter un jugement moral sur l’homme et la société uniquement par le prisme d’un manichéisme religieux. On peut trouver son film limité et archaïque, à la manière d’une fable médiévale, alourdie d’une symbolique qui frise aujourd’hui le grotesque (l’écume aux lèvres). Comme une caricature de mystère.
Frédéric Viaux (film vu le 01/11/2011)