Joyland
Joyland
Fiche technique
Mon avis
Un premier long-métrage qui surprend par sa maîtrise, son audace et sa subtilité. À travers une chronique familiale, le réalisateur montre une société pakistanaise patriarcale, liberticide pour les femmes. Une société encore très ancrée dans les traditions, mais qui lorgne vers une modernité et une liberté avec un mélange d’envie et de condamnation hypocrite. Le scénario commence par inverser des rôles traditionnels (un homme au foyer, une femme qui travaille) pour mieux ensuite prouver la persistance des normes sociales. Il s’oriente vers une histoire « extraordinaire » d’adultère, sans pour autant sacrifier l’histoire « ordinaire » d’une femme piégée par un système qui ne voit en elle qu’une épouse et une mère. Bel équilibre dramatique à la croisée du masculin et du féminin, des désirs et des frustrations, du jour et de la nuit, des rêves et des entraves. Où il est beaucoup question de domination et de soumission, d’émancipation et d’égoïsme, de solitude. Avec justesse. Il y a de la délicatesse en tout, dans les moments cocasses du début, dans l’expression de la confusion des sentiments et des désirs, dans les moments cruels et désespérants. L’aboutissement est très mélodramatique, certes, mais sans lourdeur. Scénario très bien tissé. Beau travail de réalisation et de photo. Bons acteurs, bien dirigés.
Festival de Cannes 2022 : Prix du jury pour la sélection Un certain regard et Queer Palm.
Frédéric Viaux (film vu le 16/01/2023)