La Maman et la Putain

La Maman et la Putain

  • La piste aux étoiles

Fiche technique

Titre en VF
La Maman et la Putain
Titre en VO
La Maman et la Putain
Année (copyright)
1973
Réalisateur(s) et acteurs principaux
Réalisateur Jean Eustache, Acteurs, Jean-Pierre Léaud, Françoise Lebrun, Bernadette Lafont, Isabelle Weingarten, Jacques Renard, Jean-Claude Biette, Jean Douchet, Douchka, Caroline Loeb, André Téchiné, Jean Eustache
Genre(s)
Comédie dramatique, Amour
Thématiques
Films générationnels, Paris, Bars et cafés, Séducteurs, Trios amoureux, Let's talk about sex, Jalousie, Infirmiers et infirmières, Films de 1973
Pays de production
France
Durée
3 h 40 min
Résumé
Alexandre, dandy oisif à la vie de bohème germanopratine, tente en vain de reconquérir une ancienne compagne. Il se console très vite en croisant le regard d'une autre femme à la terrasse des Deux Magots. Cette autre femme, Veronika, est une infirmière qui cultive une certaine désinvolture à l'égard des choses du sexe. Elle se laisse peu à peu charmer par la logorrhée et l'originalité d'Alexandre. Ce début d'idylle, Marie ne le voit pas d'un bon œil. Marie aime et héberge Alexandre. Malgré tout, un trio amoureux se forme et se déforme au fil des jours...
IMDB

Mon avis

C’est un tableau générationnel, celui d’une certaine jeunesse parisienne dans les années 1970, un peu désenchantée, perdue entre aspirations libertaires et tendances réactionnaires, critiquant autant Mai 68 et Sartre que la France de Chaban. Tableau à valeur documentaire, en prise directe avec une réalité quotidienne. C’est aussi une autofiction, nourrie de la vie et des amours du cinéaste, Jean Eustache. Le regard, qu’il soit tourné vers la société ou vers l’intimité, est toujours acéré, traduit par une verve incroyable. Ce film est un vrai tour de force verbal. Dans un dispositif formel austère (noir et blanc, beaucoup de plans fixes, peu de variété dans les décors), c’est le verbe qui brûle la pellicule. Un verbe haut en couleurs, d’une densité folle, d’une grande liberté de ton, tour à tour grandiloquent, cynique, drôle, charmant, littéraire, cru, dramatique, pathétique… Il faut un petit temps au début du film pour s’habituer à ce style très écrit. Les premières minutes, entre Jean-Pierre Léaud et Isabelle Weingarten, sont terriblement artificielles. La suite gagne heureusement en spontanéité et on peut se laisser emporter par un flux singulier qui, durant 3 h 40, captive, étonne ou sidère (le monologue de Françoise Lebrun, vers la fin). Si le film, à bien des égards, fait écho à la Nouvelle Vague, il s’en distingue cependant par ce travail d’écriture extrêmement précis, loin de toute improvisation. En résultent des portraits fouillés et complexes. Le personnage de Jean-Pierre Léaud : séducteur disert et pédant, intarissable raconteur d’histoires, intello revendiquant des goûts populaires, narcisse odieux et attachant, irresponsable angoissé. Le personnage de Françoise Lebrun, dont la désinvolture révèle une profonde désespérance, une profond dégoût de tout. Le personnage de Bernadette Lafont, entre contestation et acceptation. Trio bancal qui dit la difficulté de vivre, d’aimer, d’éprouver sereinement la liberté, trio qui expérimente l’amour libre et ses limites, frontières cruelles, noirceur finale.

Grand Prix spécial au festival de Cannes 1973.

Frédéric Viaux (film vu le 14/08/2000, revu le 11/07/2022)

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