La Plus Précieuse des marchandises
La Plus Précieuse des marchandises
Fiche technique
Mon avis
C’est le premier film d’animation de Michel Hazanavicius (qui a dessiné lui-même les personnages puis confié l’ensemble du projet dessiné et animé à un studio français) et le dernier rôle de Jean-Louis Trintignant (la voix du narrateur). C’est aussi l’adaptation d’un roman éponyme de Jean-Claude Grumberg (coscénariste du film avec Michel Hazanavicius). Un roman sur la Shoah qui prend la forme d’un conte. On retrouve dans le film cette forme littéraire peu compatible, a priori, avec son sujet. L’exercice de style, délicat mais réussi, est rendu à l’écran avec délicatesse et sobriété, essentiellement au début et à la fin du récit. Le milieu est plus classique, tant sur le fond (l’évolution du bûcheron en matière de préjugés antisémites, l’amour porté à l’enfant sauvé, la lutte pour la survie, la fin des camps de concentration et le retour des survivants) que sur la forme (jeu chromatique subtil et animation soignée, certes, mais sans « patte » vraiment singulière dans le dessin). Dommage que cette variation sur l’univers des contes n’ait pas été plus filée tout au long du film. L’ensemble se tient néanmoins bien en qualité de ton (pour dire la douleur avec pudeur) et en efficacité narrative. Il y a quelques idées très belles et très fortes (le vol d’oiseau pour mener notre regard du fond des bois vers le camp de concentration ; la scène où le rescapé contemple son reflet horrible dans une vitre, en référence au Cri de Munch). D’autres séquences sont plus lisses. Quant au texte du dénouement, humaniste, célébrant l’amour et la vie, il est attendu mais émouvant, surtout avec le grain de voix de Trintignant. Et « le reste est silence ».
Musique : Alexandre Desplat.
Frédéric Viaux (film vu le 23/11/2024)