La Rue rouge
Scarlet Street
Fiche technique
Mon avis
La Rue rouge tient à la fois du remake de La Chienne, de Jean Renoir (qui a peu apprécié cette nouvelle version), et de la déclinaison du film précédent de Fritz Lang, Le Femme au portrait (1944), dont il reprend les grands thèmes et les acteurs principaux (Edward G. Robinson, Joan Bennett et Dan Duryea). Inventivité relative ? Exploitation opportuniste d’un bon filon ? Ces écueils, ou craintes légitimes, sont étonnamment dépassés. Le résultat est excellent. Avec, à la clé, le portrait mémorable d’un homme faible et naïf, soumis à son amante (dans Lolita, Kubrick se souviendra de la scène où Christopher peint les ongles de pied de Kitty). Edward G. Robinson, en loser impuissant, est exceptionnel. Côté dramatique, le développement de la manipulation et de la tromperie trouve un double écho : en amour, d’abord, et en art pour couronner le tout. Double raison pour un meurtre et double ironie finale. Le scénario, pathétique et cruel, complètement immoral, s’avère d’une grande intelligence. Et la mise en scène, d’une précision et d’une malice implacables. Grand film noir.
Frédéric Viaux (film vu le 18/05/2008)