La Salle des profs
Das Lehrerzimmer
Fiche technique
Mon avis
1 h 40 de stress… Du bon stress, qui se déploie à partir d’un fond intelligemment posé, développé, et d’une forme cohérente, précise. C’est l’histoire d’une jeune prof droite dans ses bottes, qui va confronter sa bien-pensance à une réalité sociale submergeante. Le scénario noue des nœuds serrés autour des notions de délation et d’accusation, de culpabilité, de moralité, de justice… Cette plongée dans le microcosme d’un collège est aussi habilement conçue pour être représentative d’un macrocosme social traversé d’intolérances, de préjugés, de peurs et de violences, où il est question de possibles dérives fascisantes ou racistes, de judiciarisation croissante, de manipulation et de pression médiatiques… Cela donne une belle richesse thématique, servie par une grande efficacité narrative, en termes d’écriture comme de choix visuels : format d’image 4/3 plus oppressant que le format classique, caméra nerveuse, montage rapide… L’intensité de l’actrice principale (Leonie Benesch) participe également de l’intensité générale.
C’est donc un film qui sonne juste, dans sa complexité, dans ses nuances. Qui sonne fort, de manière assez terrifiante. Qui avance sans donner de leçon. Et sans même, in fine, dénouer les nœuds dramatiques. Un choix narratif « sans fin », qui s’entend et fait sens, tout en laissant un peu sur sa faim (malgré tout).
Frédéric Viaux (film vu le 11/03/2024)