Le Bonheur

Le Bonheur

  • La piste aux étoiles

Fiche technique

Titre en VF
Le Bonheur
Titre en VO
Le Bonheur
Année (copyright)
1964
Réalisateur(s) et acteurs principaux
Réalisatrice Agnès Varda, Acteurs, Jean-Claude Drouot, Marie-France Boyer, Claire Drouot, Marc Eyraud, Paul Vecchiali
Genre(s)
Amour, Drame
Thématiques
Adultères, Prix Louis-Delluc, Films de 1964
Pays de production
France
Durée
1 h 20 min
Résumé
François, menuisier, mène une vie heureuse et paisible avec sa femme et ses deux enfants, à Fontenay-aux-Roses, près de Paris. Dans un bureau des postes et télécommunications, il rencontre Émilie, l'aime aussitôt et en fait sa maîtresse. Il a de la joie pour deux femmes, pour deux vies en parallèle. Le bonheur, en lui, s'additionne.
IMDB

Mon avis

C’est le troisième long-métrage d’Agnès Varda après La Pointe courte et Cléo de 5 à 7. Et son premier film en couleurs. Un film très intéressant dans son approche de l’adultère, sujet habituellement traité dans le cadre d’une réflexion morale dramatique ou bien sous un angle comique. Ici, la réalisatrice va au-delà des a priori et des clichés, refuse toute considération éthique ou analyse psychologisante. Elle brosse le portrait d’un homme simple, instinctivement enclin au bonheur et rayonnant comme une des fleurs de tournesol que l’on voit au début du film. Un homme tourné en permanence vers le soleil. Cet homme laisse fleurir ses désirs et ses sentiments d’une manière qui fait écho à une phrase prononcée par Paul Meurisse dans Le Déjeuner sur l’herbe, de Jean Renoir (extrait du film dans le film), qui présente le bonheur comme une « soumission à l’ordre naturel ». Cet homme vit donc « naturellement » un second amour : un amour adultère qui n’est que de l’amour en plus, qui n’enlève rien au premier (conjugal). Un nouvel amour perçu également comme une augmentation heureuse de soi-même. Et vécu sans culpabilité. Varda montre un bonheur innocemment égocentrique, d’une naïveté aux conséquences potentiellement cruelles et destructrices. Mais sans jugement. Elle évoque un bonheur qui suit le rythme des saisons, inaltérable, quels que soient les événements de la vie. Elle avance enfin l’idée d’une interchangeabilité dans les relations. Cette approche thématique a valu au film d’être interdit aux moins de 18 ans lors de sa sortie en salles.

Aujourd’hui encore, le propos reste audacieux, la tonalité troublante. Le film laisse une impression de sérénité assez terrible. La musique allègre de Mozart et la beauté de l’image annulent le pathos. On note l’inspiration impressionniste dans les scènes bucoliques, en appréciant le soin apporté à la composition des plans et aux couleurs. Autres qualités du film : le regard « photographique » de la réalisatrice, attentive aux détails et aux symboles, attentive aussi au regard des personnages ; l’esprit des dialogues (très justes) ; et enfin le montage, rythmé et d’une belle inventivité.

Ours d’argent au festival de Berlin 1965 et prix Louis-Delluc 1965.

Frédéric Viaux (film vu le 19/08/1998, revu le 13/01/2022)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *