Le Couvent de la bête sacrée
Seijû gakuen
Fiche technique
Mon avis
Une curiosité pour les amateurs de cinéma japonais bis, plus précisément pour les amateurs de films de nonnes (« nunsploitation movies », très en vogue dans les années 1970), où l’on attribue aux bonnes sœurs quelques outrages aux bonnes mœurs. Un genre blasphématoire, érotique et sanglant. Allègrement trash et kitsch. Pour un public averti, donc. Ce Couvent de la bête sacrée (quel titre !) est considéré comme l’un des fleurons du genre. C’est aussi l’un des films les plus connus de Norifumi Suzuki, figure importante des studios Toei. Le réalisateur a commencé sa carrière au cinéma en 1965, alignant quelques films de yakuzas et films érotiques de série, avant de s’intéresser, pour cette production de 1974, aux fantasmes de cloître, avec des nonnes pécheresses, une mère supérieure effarouchée et jalouse, un révérend qui a une conception toute personnelle de la justice divine… Cet univers a manifestement débridé l’inspiration esthétique du réalisateur. Suzuki enchaîne les scènes d’onanisme, de saphisme, de dolorisme, dans des décors soignés et des éclairages très travaillés. Tel un cousin nippon de Dario Argento, il se lâche en caméra subjective, plans renversants, compositions picturales, ralentis stylisés. Le registre horticole lui plaît : amour dans un beau parterre de fleurs, flagellation aux roses… La croisée des genres ne lui fait pas peur : érotisme SM, horreur et burlesque, cultivés avec une même gourmandise lubrique, un je ne sais quoi de ludique et de pathétique, un mauvais goût très sûr, qui rendent le film étonnant. Amusant, aussi, au second degré. Mais évidemment pas léger-léger : répétition lassante de bondieuseries détournées et surenchère de perversions, jeu exacerbé des actrices secondaires, maladresse dans l’introduction d’un discours sur un monde sans Dieu, en usant d’images d’archives de Nagasaki…
Frédéric Viaux (film vu le 25/10/2015)