Le Déjeuner du 15 août
Pranzo di ferragosto
Fiche technique
Mon avis
Week-end à Rome
Gianni, la cinquantaine un peu indolente, amateur de petits verres de blanc en terrasse ou en cuisine, vit avec sa maman, une poupée Barbie du troisième âge, mamie-momie fardée et permanentée, dans un appartement romain. N’ayant pas payé leurs charges de copropriété depuis belle lurette, mère et fils reçoivent la visite du syndic d’immeuble, Alfonso, qui leur propose un arrangement pour réduire leurs dettes : garder sa mère durant le week-end du 15 août, pour lui permettre de partir en goguette… Une proposition qui ne se refuse pas, malgré le dérangement occasionné. Le jour J, Gianni voit donc débarquer la maman d’Alfonso, mais aussi sa tante… Et quelques heures plus tard, c’est un ami médecin qui va lui demander le même genre de service. Gianni se retrouve ainsi aux petits soins de quatre petites vieilles qui, après un round d’observation, vont s’entendre comme larrons en foire et insister pour déjeuner ensemble le jour du 15 août.
Après Gomorra…
C’est le premier film de Gianni Di Gregorio, qui s’était distingué jusqu’à présent comme scénariste ou assistant réalisateur. Il a notamment coécrit le scénario du très rude Gomorra, de Matteo Garrone. Avec Le Déjeuner du 15 août, comédie tranquille, l’apprenti réalisateur a donc opéré un virage à 180 degrés. Le début de son film est agréable. Il présente ses personnages avec une douce ironie et une tendresse un peu vacharde, tout en évoquant la solitude et le peu de considération dont sont parfois victimes les personnes du troisième âge. On s’amuse des exigences et caprices des mamies, ainsi que du bouleversement des habitudes de Gianni.
Joli, propre et pas méchant
Le problème, c’est que le film ne décolle pas vraiment. Au lieu de monter crescendo en drôlerie, il s’installe dans une sorte de torpeur, sur un rythme lent. Ce qui s’annonçait pétillant se révèle relativement atone. La faconde italienne est à peine au rendez-vous. Autant dire que l’on est loin de certaines comédies d’antan, enlevées et drôlement méchantes. Si l’on sourit quelquefois, poliment, on ne rit jamais franchement. Les seuls ressorts comiques, sous-exploités, reposent sur les personnalités des petites vieilles (jouées par des actrices non professionnelles) et le caractère « corruptible » de Gianni. Mais à l’exubérance, le réalisateur a préféré un réalisme social assez convenu, gentiment cynique. Au foisonnement narratif, il a préféré une trame minimaliste, pour ne pas dire mince, dans laquelle on finit par s’ennuyer mollement, au point de trouver un peu long ce court film d’1 h 15…
Les affiches sont parfois trompeuses
Esthétiquement, on est également un peu déçu. Autant l’affiche du film est gaie et colorée, autant les images sont fades. Seule une petite balade en Vespa dans les rues désertes de la capitale, à la façon de Nanni Moretti dans Journal intime, vient rompre la grisaille visuelle. Ce type de scène est d’ailleurs presque devenu un cliché du cinéma italien. Ça ne coûte pas cher à tourner et ça fait toujours joli.
Bref, Le Déjeuner du 15 août est un petit long-métrage certes sympathique, mais « survendu » par son affiche, qui nous met en appétit et nous laisse sur notre faim.
Frédéric Viaux (film vu le 12/02/2009)
Article paru sur le site culturclub.com