Le mal n’existe pas
Aku wa sonzai shinai
Fiche technique
Mon avis
Contrairement à ce que dit le titre (mystérieux, comme l’aboutissement du film), le mal semble bien exister. Il vient de la ville pour corrompre la campagne. C’est l’argent-roi lié à l’expansion urbaine, l’argent cynique, irresponsable et destructeur. C’est aussi un représentant d’agence de com’ dont la bouche écume, comme celle d’un possédé, quand on lui tord le cou. Hamaguchi oppose la nature à une certaine culture, sur un mode contemplatif et méditatif. Il oppose lenteur, silence, sérénité à une forme de quête déboussolée (quête de profit pour des investisseurs-envahisseurs, quête de sens dans la vie professionnelle et personnelle pour des employés lambda). Cette opposition nourrit un scénario qui semble classique avant de prendre des chemins de traverse, apparemment digressifs, probablement symboliques, et de basculer au final dans une dimension incertaine, entre réalisme et onirisme, ouverte à interprétations. Il y a rupture d’un équilibre ; la nature semble se retourner contre l’homme, l’ombre et la brume l’emporter sur la lumière. Tout cela est, à l’image de l’affiche, d’une grande beauté visuelle (magnifiques idées de travellings, points de vue parfois surprenants…). D’une grande beauté sonore également (prise de son directe, partition musicale d’Eiko Ishibashi….). Mais la narration déroutée et déroutante n’empêche pas une certaine perplexité.
Grand Prix du jury au festival de Venise 2023.
Frédéric Viaux (film vu le 14/04/2023)