Les Graines du figuier sauvage

Daneh Anjeer Moghadas

  • La piste aux étoiles

Fiche technique

Titre en VF
Les Graines du figuier sauvage
Titre en VO
Daneh Anjeer Moghadas
Année (copyright)
2024
Réalisateur(s) et acteurs principaux
Réalisateur Mohammad Rasoulof, Acteurs, Misagh Zare, Soheila Golestani, Mahsa Rostami, Setareh Maleki, Niusha Akhshi, Reza Akhlaghirad
Genre(s)
Drame, Thriller
Thématiques
Regards sur l'Iran, Régimes autoritaires, Peine de mort, Juges, Femmes au foyer, Relations entre mères et filles, Relations entre pères et filles, Paranoïa, Réseaux sociaux, Il était une foi, Films de 2024
Pays de production
Allemagne,  France,  Iran
Durée
2 h 45 min
Résumé
Iman est promu "enquêteur" (juge d'instruction) au tribunal révolutionnaire de Téhéran. C'est un beau tremplin pour sa carrière et potentiellement pour la vie matérielle de sa famille. Intègre jusque-là, il accepte sur injonction de réclamer des sentences de mort sans même lire les dossiers des accusés. Parallèlement, il doit faire face à des centaines de cas liés à la répression des émeutes qui ébranlent le pays à la suite du décès d'une jeune femme dans un commissariat. Confrontées à la violence de la rue et informées par les réseaux sociaux, les deux filles d'Iman s'opposent à lui, ainsi qu'à leur mère qui tente de se maintenir dans un entre-deux inconfortable. La tension monte, d'autant plus quand Iman découvre que son arme de service a disparu.
IMDB

Mon avis

Un film très intelligemment pensé, écrit et réalisé, qui fait d’une cellule familiale la caisse de résonance de la situation sociale et politique d’un pays (l’Iran). Habile tissage entre microcosme et macrocosme, et entre fiction et histoire récente (les manifestions et les répressions qui ont suivi la mort de Jina Mahsa Amini en 2022). Un film courageux également, tourné clandestinement, dont la teneur critique envers le pouvoir iranien a inévitablement conduit l’équipe du film à l’exil.

Le scénario est remarquable dans sa progression narrative (une spirale cauchemardesque qui bascule du drame intimiste vers le thriller et la tragédie familiale), avec une grande intensité à la clé, qui va crescendo sur les 2 h 45 du film. Le réalisme se conjugue parfaitement au symbolisme (sans les petites lourdeurs démonstratives qui traversaient le précédent long-métrage de Mohammad Rasoulof, Le diable n’existe pas), de même que les images d’archives se conjuguent parfaitement aux images de la fiction. La caractérisation des personnages est nuancée, évolutive, avec des textes sobres, justes et forts, servis par des interprètes très convaincants, tandis que la réalisation, épurée et puissante, sert non seulement le mystère et le suspense de l’intrigue, mais aussi un propos sur des problématiques de conscience morale et politique, sur une quête de liberté face au fanatisme, sur une révolution féministe face à une autorité patriarcale. Dernier atout du film : les décors du dénouement, formés par les ruines d’un village abandonné et labyrinthique. Mémorables.

Prix spécial du jury au festival de Cannes 2024.

Frédéric Viaux (film vu le 19/09/2024)

Photo et bande-annonce

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