Les Trois Lumières
Der müde Tod
Fiche technique
Mon avis
En 1919, Fritz Lang a connu son premier succès populaire en Allemagne avec Les Araignées. Deux ans plus tard, et juste avant de tourner son fameux Mabuse, il signe ce film (son septième) dont le retentissement va dépasser les frontières nationales. Ces Trois Lumières consacrent aussi la collaboration de Fritz Lang avec la romancière et scénariste Thea von Harbou, qui deviendra son épouse en 1922, après avoir été celle de l’acteur Rudolf Klein-Rogge.
Le film est une belle réussite, à la confluence d’inspirations littéraires, picturales et cinématographiques très marquées. Le personnage incarnant la mort (une « mort lasse » – comme l’indique le titre original –, fatiguée de toujours vaincre la vie et de toujours être détestée), ainsi que le thème central de l’amour plus fort que la mort inscrivent le récit dans la tradition du romantisme allemand et de son héritière, la littérature fantastique du XIXe siècle. Il y a également trois histoires dans l’histoire – les trois défis relevés par l’héroïne -, qui sont autant de voyages dans l’espace (en Orient, à Venise, en Chine) et dans le temps (de l’Antiquité à la Renaissance). Des voyages qui font écho à toute une littérature d’aventures « exotiques », dans le style notamment des Contes des mille et une nuits. Sur un plan pictural, pour la partie allemande, les décors et paysages s’inspirent manifestement d’œuvres de Dürer, Friedrich et Spitzberg. Ce sont autant de sources et d’influences qui nourrissent un style cinématographique expressionniste « à la mode » depuis la sortie du Cabinet du docteur Caligari (1919), un film auquel ont d’ailleurs participé les décorateurs des Trois Lumières, ainsi que l’actrice Lil Dagover.
Au final, cette production, qui a bénéficié de moyens importants, séduit par ses images contrastées et sa poésie lugubre (la pièce aux bougies, magnifique), surprend par ses effets spéciaux (les fantômes, les personnages miniatures) et divertit par son scénario particulièrement riche en actions, au demeurant hétéroclites.
Frédéric Viaux (film vu le 18/11/2012)