Les Yeux sans visage
Les Yeux sans visage
Fiche technique
Mon avis
Une larme coulant sur un masque blanc, le silence de la nuit, l’éclat du scalpel… Ce film est un chef-d’œuvre de poésie horrifique, d’une étrangeté envoûtante. La monstruosité physique côtoie la monstruosité morale, dans un rapport d’opposition : innocence/folie criminelle, pureté/souillure. Le personnage de Christiane traverse le film avec une grâce et une tristesse infinies, presque désincarné, comme un fantôme. À l’inverse, le personnage du père est dans la matérialité, la manipulation des corps et une certaine expérience de la chair. On se souviendra longtemps du masque de la jeune fille, du bruit des chiens libérés et de la scène finale, sublime.
Pour adapter le roman de Jean Redon à l’origine du film : Redon lui-même, Boileau-Narcejac et Claude Sautet, pour un mariage parfait entre horreur, thriller et psychologie. Visuellement, le résultat est une merveille, grâce au travail du célèbre chef op’ Eugen Schüfftan. Un noir et blanc contrasté, dont la poésie est accentuée par la musique de Maurice Jarre.
« Il fallait beaucoup d’audace pour oser un tel film, le calme presque monstrueux de Pierre Brasseur et la légèreté de fée de Mlle Scob pour le rendre supportable. Mais le film d’épouvante possède des titres de noblesse et Franju n’a pas oublié la grande règle qui consiste à traiter l’irréel avec le maximum de réalisme. Les ancêtres de ce film habitent en Allemagne, cette Allemagne de la grande époque cinématographique de Nosferatu. De longue date, nous n’avions pas retrouvé la sombre poésie, l’hypnose que provoquent le macabre, les maisons funestes, les monstres fabuleux de l’écran. » Jean Cocteau
Frédéric Viaux (film vu le 15/07/1995)