Mémoires d’un escargot
Memoir of a Snail
Fiche technique
Mon avis
Il y a beaucoup de points communs entre ces Mémoires d’un escargot et Mary & Max, le précédent film d’animation d’Adam Elliot : l’utilisation de la pâte à modeler, la technique du stop-motion, l’inventivité de la mise en scène, le luxe de détails visuels, la verve narrative, la sombre fantaisie… On note également un même goût pour les personnages en marge, en souffrance, et une même tendance presque doloriste à montrer les noirceurs et les rudesses de leur existence. Le réalisateur continue à oser l’expression de la solitude et de la dépression, à oser les larmes, à oser aussi la laideur, avec des personnages au physique ingrat (dont celui de Grace, ainsi cruellement prénommée) et une orientation chromatique maronnasse. À la clé, des effets de tristesse accablante, certes, heureusement torpillés par des saillies verbales pleines d’esprit, pleines d’un humour qui est vraiment ici la politesse du désespoir, et par une touche d’excentricité (via le personnage de la vieille dame) qui fait du bien. Le rythme du récit est probablement un peu rapide pour que l’on apprécie, en même temps, la richesse des textes et celle des images, mais on apprécie globalement le travail intelligent et singulier de ce Dickens moderne et décalé, à mille lieues des productions légères et chatoyantes de l’animation mainstream.
Cristal du long-métrage au festival du film d’animation d’Annecy 2024.
Frédéric Viaux (film vu le 19/01/2025)