Mort à Venise

Morte a Venezia

  • La piste aux étoiles

Fiche technique

Titre en VF
Mort à Venise
Titre en VO
Morte a Venezia
Année (copyright)
1971
Réalisateur(s) et acteurs principaux
Réalisateur Luchino Visconti, Acteurs, Dirk Bogarde, Björn Andrésen, Romolo Valli, Silvana Mangano, Mark Burns, Marisa Berenson, Nora Ricci, Franco Fabrizi, Carole André
Genre(s)
Drame
Thématiques
Adolescents, Au bord de l'eau, D'après Thomas Mann, Musique et musiciens, Obsessions, Hôtels, Plages, Solitude, Virus épidémies et autres contagions, Venise, Films de 1971
Pays de production
Italie,  France
Durée
2 h 05 min
Résumé
Tourmenté par sa vie personnelle et son art, Gustav von Aschenbach, compositeur de musique allemand, s'en va reposer son esprit, ses nerfs et son cœur à Venise, dans un somptueux hôtel du Lido. Il y croise un bel adolescent polonais, Tadzio, qui devient l'objet de sa fascination et de son désir, alors que se propage dans la cité lacustre une épidémie de choléra...
IMDB

Mon avis

Luchino Visconti adapte le chef-d’œuvre de Thomas Mann dont il garde les thématiques majeures (la création artistique, l’idéal, la beauté, le désir, la mort) et le cadre (Venise, de l’aube au crépuscule, de la magnificence à la putréfaction). Mais il change la profession d’Aschenbach, le personnage central, d’écrivain à musicien, pour mieux adjoindre au récit la musique de Gustav Mahler, qui épouse avec une évidence majestueuse et triste le lyrisme du récit. Et surtout, il traduit la dimension intellectuelle du texte-source en une pure contemplation. C’est un véritable tour de force poétique où tout est dit à l’image, sans recourir (ou presque) aux mots, aux dialogues. Zooms avant et arrière pour exprimer les jeux de regards, le magnétisme, le trouble qu’éprouve le personnage principal pour Tadzio, sa fascination, son obsession… Lents travellings pour dire la mélancolie d’une fin de vie, le bonheur de tutoyer la beauté incarnée et le malheur de ne l’atteindre jamais (comme cet horizon que désigne l’adolescent à la fin du film). Parfum suave et vénéneux d’une passion saisie dans sa polysémie, entre joie et souffrance. Parfum qui se dégage des décors riches et fleuris de l’hôtel où ont lieu les rencontres quotidiennes. Parfum qui se dégage d’une séance chez le coiffeur, d’où Aschenbach ressort le cheveu teint et la peau fardée. Visconti suit son héros subjugué et pathétique (excellent Dirk Bogarde) dans une déambulation envoûtante, sans issue, composant autour de lui des tableaux vivants d’un raffinement sans nom (les scènes d’hôtel) ou de solitude infinie (les dernières scènes de plage, en plan large). Il ajoute à la narration quelques réminiscences proustiennes, n’évite pas toujours un certain maniérisme dans la richesse de son esthétique et la longueur de certains plans. Mais tant de beauté, de lyrisme et d’intelligence laisse pantois.

À noter que le jeune acteur suédois qui interprète Tadzio, Björn Andrésen, était apparu un an plus tôt, en 1970, dans le premier film de Roy Andersson : A Swedish Love Story.

Frédéric Viaux (film vu le 09/05/1997, revu le 18/05/2015)

Photo et bande-annonce

Commentaires 1

  1. Myriam

    « Les travellings de Visconti opèrent parfois une temporalisation de l’image et forment une image temps directe. Plutôt qu’un mouvement physique, il s’agit surtout d’un déplacement dans le temps. » Voilà ce que j’ai retenu de ce que m’a enseigné un excellent prof de français concernant Visconti… Il citait Deleuze. Merci ! Sans lui, je serais passée à côté d’un artiste de grand talent !

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