Ninotchka

Ninotchka

  • La piste aux étoiles

Fiche technique

Titre en VF
Ninotchka
Titre en VO
Ninotchka
Année (copyright)
1939
Réalisateur(s) et acteurs principaux
Réalisateur Ernst Lubitsch, Acteurs, Greta Garbo, Melvyn Douglas, Sig Ruman, Felix Bressart, Alexander Granach, Ina Claire, Bela Lugosi, Richard Carle, Gregory Gaye, Edwin Maxwell, Rolfe Sedan
Genre(s)
Comédie, Amour
Thématiques
Juste un prénom, Regards sur la Russie, Paris, Séducteurs, Gigolos, Restaurants, Aimé par Akira Kurosawa, Films censurés, Films de 1939
Pays de production
États-Unis
Durée
1 h 50 min
Résumé
Trois membres de la chambre commerciale russe arrivent à Paris pour vendre les bijoux (légalement confisqués par l'État) d'une duchesse exilée. Mais les joies du capitalisme occidental vont "pervertir" les trois hommes. Moscou dépêche alors un agent spécial, la très austère et très sévère Ninotchka, pour remettre de l'ordre dans cette mission. Tentative à son tour perturbée par la séduction d'un "comte" français amoureux de Ninotchka, et par ailleurs gigolo de la duchesse spoliée.
IMDB

Mon avis

Délicieuse comédie qui navigue avec une élégance toujours joyeuse et charmante entre badinage galant et satire sociopolitique. C’est l’un des fleurons de ce qu’on a appelé la comédie sophistiquée. Et l’une des plus belles illustrations de la Lubitsch Touch. Le scénario, coécrit par Billy Wilder, croque avec une drôlerie caustique l’idéologie et les mœurs soviétiques (évocation des purges staliniennes, climat de suspicion dans une vie communautaire, censure, austérité) en opposition à la « décadence » du capitalisme occidental, symbolisée par la fameuse légèreté française. Les dialogues, souvent hilarants, nourrissent une satire pleine d’esprit. Quelques exemples. À la question « Comment ça va en Russie ? », Ninotchka répond : « Très bien. Les derniers procès ont été une réussite. Il y aura moins de Russes, mais ils seront meilleurs. » Face à un majordome qui veut prendre sa valise, Ninotchka s’insurge : « Ce n’est pas un métier que le vôtre, c’est une injustice sociale ! » Et l’homme de répondre : « Oh, ça dépend du pourboire… » Voilà, tout est là. Dérision piquante, ironie jubilatoire, accentuées par une mise en scène qui cultive la suggestion par le hors-champ et un art du décalage permanent. Quelques scènes géniales : la première rencontre entre Ninotchka, aussi sensible à l’humour et à l’amour qu’une brique rouge du Kremlin, et le comte d’Algout, caricature du séducteur onctueux ; la visite de la tour Eiffel ; « l’exécution au Champagne » ; l’omelette russe, etc.

Le positionnement du film dans l’Histoire est aussi intéressant. Il a été tourné aux États-Unis en 1939, à l’époque du pacte germano-soviétique. Il est sorti en France brièvement et discrètement en 1940, juste avant l’exode des Français. Les distributeurs se sont bien gardés de le ressortir pendant la période où l’URSS faisait partie des Alliés. Le film n’est réapparu sur les écrans français qu’en 1949, au début de la Guerre froide… Il a alors déchaîné les foudres de la presse française de gauche. En URSS et dans les pays de l’Est, le film a bien sûr été censuré. Dans ce registre de la satire politique, Lubitsch récidivera trois ans plus tard avec To Be or Not to Be (1942), réussissant un tour de force comique sur l’Allemagne hitlérienne en plein conflit mondial.

Mais revenons à Ninotchka et plus précisément à son interprète principale, Greta Garbo. Elle voulait à l’époque atténuer son image d’actrice tragique et demanda donc à tourner une comédie. Les distributeurs en ont fait un argument commercial. Sur les affiches originales et dans la bande annonce, on peut ainsi lire « Garbo rit ». Bon, ce n’était quand même pas la première fois qu’on la voyait rire au cinéma. Mais son éclat lors de la scène du restaurant est resté dans la annales (éclat qui a d’ailleurs été doublé car l’actrice n’avait pas un rire très sonore). Ce fut donc son premier rôle comique et… l’avant-dernier rôle de sa carrière au cinéma, stoppée en 1941, à l’âge de 36 ans, après La Femme aux deux visages.

Ninotchka donnera lieu à un remake sous forme de comédie musicale : La Belle de Moscou, de Rouben Mamoulian, avec Cyd Charisse et Fred Astaire (1957).

Frédéric Viaux (film vu le 14/12/1998, revu le 06/08/2015)

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