Nomadland
Nomadland
Fiche technique
Mon avis
C’est l’envers du rêve américain, ou peut-être un nouveau rêve, celui de « pionniers » des temps modernes, comme dit un personnage du film. On est en tout cas en marge de l’actuel american way of life, du côté des laissés-pour-compte d’un système économique et social chaotique, du côté de ceux qui adopté, par choix ou par contrainte, un mode de vie alternatif. Sur la route. On est dans l’Amérique des vans, des petits boulots, du troc et de la débrouille. Il est beaucoup question de pertes et de vides, mais aussi de liberté et d’une fraternité nouvelle.
C’est Frances McDormand, productrice et actrice du film, qui est allée chercher Chloé Zhao (The Rider) pour mettre en scène cette histoire adaptée d’un livre d’une journaliste (Jessica Bruder). Bon choix. La réalisatrice aborde le sujet avec simplicité et humilité, à hauteur d’hommes et de femmes, captant avec un souci d’authenticité leur quotidien, leurs joies et leurs peines, la rudesse de leurs conditions de vie tout autant que la beauté des paysages qu’ils traversent. C’est du cinéma intimiste dans de grands espaces. Minimaliste et ample. On apprécie la sensibilité de la cinéaste, qui transpire à l’écran. Pudeur et empathie. Humanisme délicatement émouvant. Justesse épurée. Pas de pamphlet sociopolitique ici, mais un réalisme pointilliste qui dit le monde d’aujourd’hui, ses errances, ses impasses, ses espoirs. Une poésie de l’essentiel. Chloé Zhao a le regard subtil des gens discrets.
Lion d’or au festival de Venise 2020, Oscar 2021 du meilleur film, de la meilleure réalisatrice et la meilleure actrice (Frances McDormand).
Frédéric Viaux (film vu le 11/06/2021)