Paris nous appartient
Paris nous appartient
Fiche technique
Mon avis
Paris nous appartient commence par une citation de Charles Péguy : « Paris n’appartient à personne. » Bon. Voilà qui pose d’emblée une contradiction en termes de possession et de pouvoir. Contradiction qui sera au cœur d’un scénario laissant entrevoir l’existence possible d’une organisation fasciste secrète, en quête de puissance, et d’un large complot. Réalité ou délire, on ne le saura pas vraiment. On n’y comprendra d’ailleurs pas grand-chose, tout comme le personnage central, étudiante naïve et impressionnable.
Curieux film, à la narration et à la réalisation souples, mais engoncé, de manière très sérieuse et légèrement risible, dans une histoire artificielle, digne d’un thriller d’espionnage, à laquelle on ne croit guère. Tout cela étiré sur 2 h 10, c’est long. Reste un parcours citadin intéressant pour les amoureux de Paris et quelques apparitions amusantes : celles de Claude Chabrol, Jean-Luc Godard, autres fers de lance de la Nouvelle Vague. Paris nous appartient est considéré, au même titre que Le Beau Serge (Chabrol) et À bout de souffle (Godard), comme l’un des films fondateurs de ce mouvement. Il est coproduit par les Films du Carrosse (Truffaut). Son tournage commença en 1958 et ne s’acheva qu’en 1961. Deux thématiques, ici présentes, seront récurrentes dans l’œuvre à venir du cinéaste : le complot et la création artistique.
Quant au climat social dont l’intrigue témoigne, pétrie de paranoïa, il s’inscrit dans un contexte de Guerre froide, de maccarthysme. C’est le personnage du metteur en scène qui en parle le mieux, lorsqu’on lui demande pourquoi il a choisi de monter la pièce Périclès, de Shakespeare : « Parce qu’il peint un monde chaotique mais pas absurde, comme celui où nous vivons, qui a l’air de fiche le camp de tous les côtés, mais qui doit savoir où il va. Seulement, il nous le cache bien… » Le film aussi devait savoir où il allait. Seulement, il nous l’a bien caché.
Frédéric Viaux (film vu le 19/02/2023)