Peter Ibbetson
Peter Ibbetson
Fiche technique
Mon avis
Les violons sont de sortie (le film a été nommé pour l’Oscar de la meilleure musique). Et ils ont été accordés pour faire pleurer dans les chaumières. Peter Ibbetson est un pur mélo, une ode à l’amour éternel, par-delà la mort, qui a complètement emballé les surréalistes à l’époque de sa sortie. Dans L’Amour fou, André Breton parle d’un « film prodigieux, triomphe de la pensée surréaliste ». On y voit surtout aujourd’hui un « triomphe » du lyrisme romantique, qui prend une dimension fantastique sur la fin, à grand renfort d’images ouatées. C’est angélique à souhait. On se laisse emporter ou pas, selon l’humeur. Pour faire passer cette pilule céleste et onirique, pas de meilleur guide, en tout cas, que Gary Cooper, toujours parfait en héros naïf au grand cœur.
Peter Ibbetson est une adaptation d’un roman de George L. Du Maurier (1891, traduit en français par Raymond Queneau). George est le grand-père de Daphné Du Maurier dont l’œuvre romanesque a beaucoup inspiré Hitchcock (Rebecca, Les Oiseaux, etc.).
Henry Hathaway raconte avoir été amené à tourner Peter Ibbetson de manière curieuse (ce film restera d’ailleurs à part dans sa filmographie qui comprend notamment Les Trois Lanciers du Bengale, Niagara et Le Jardin du diable). « Gary Cooper avait été choisi pour jouer le rôle principal et le metteur en scène devait être Richard Wallace. Il venait de faire un film d’après Barrie avec Katharine Hepburn, The Little Minister, qui était d’une inspiration très romantique. Et moi je devais réaliser An Annapolis Farewell. J’avais déjà fait deux films avec Gary Cooper et quand il a fallu commencer Peter Ibbetson, il a pris peur parce que Richard Wallace était comme une sorte de lutin. Il s’est dit qu’il allait peut-être avoir l’air efféminé et a déclaré : ‘Je fais le film si vous prenez Hathaway, parce que je sais qu’il est suffisamment dur pour effacer le côté efféminé du rôle.’ Il avait peur de porter ces pantalons et ces chemises à dentelles. Alors ils ont été trouver Wallace pour lui demander de changer de film avec moi et il a répondu : ‘D’accord.’ De toutes manières, il n’avait pas le choix et le savait. À cette époque il fallait obéir ! Il est parti tourner An Annapolis Farewell et l’avion qui l’emmenait s’est écrasé et presque tout le monde a été tué. » (Extrait d’un entretien réalisé par Michel Ciment et Bertrand Tavernier, Positif n° 136, mars 1972, repris par Patrick Brion dans Le Cinéma fantastique)
Frédéric Viaux (film vu le 06/03/2009)