The Queen

The Queen

  • La piste aux étoiles

Fiche technique

Titre en VF
The Queen
Titre en VO
The Queen
Année (copyright)
2006
Réalisateur(s) et acteurs principaux
Réalisateur Stephen Frears, Acteurs, Helen Mirren, Michael Sheen, Helen McCrory, James Cromwell, Sylvia Syms, Alex Jennings, Mark Bazeley, Roger Allam
Genre(s)
Drame, Histoire
Thématiques
Rois et reines, Femmes de pouvoir, Princes et princesses, Ministres, Accidents de la route et conséquences, Deuils, Pouvoir politique, Tradition/modernité, Châteaux, Londres, Compositeur Alexandre Desplat, Films de 2006
Pays de production
Royaume-Uni,  France,  Italie
Durée
1 h 40 min
Résumé
2 mai 1997. Tony Blair est élu Premier ministre de la Grande-Bretagne et entend faire souffler un vent de modernité sur les institutions. 31 août 1997, Diana, l'ex-princesse de Galles, trouve la mort dans un accident de voiture à Paris. Tout le pays est en deuil, sauf la famille royale qui se retranche dans son château de Balmoral et dans le silence.
IMDB

Mon avis

Il n’est jamais facile de réaliser un film sur l’histoire récente, par manque de recul, mais aussi parce qu’il faut incarner des personnages, vivants ou morts, que l’on a tous à l’esprit. Et donc les faire accepter aux spectateurs sous de nouveaux visages. Stephen Frears a résolu ces deux problèmes. Le premier, grâce à une plongée dans l’intimité des protagonistes, doublée d’une certaine hauteur de vue et d’un sens dramatique qui s’expriment sous la forme d’une petite tragédie shakespearienne sur le pouvoir. On trouve d’ailleurs en exergue du film une citation de la pièce Henry IV : « Uneasy lies the head that wears the crown » (traduit ainsi : « Il est agité, le sommeil de la tête qui porte couronne »). Pour le second problème, la seule solution était un casting inspiré et irréprochable. Il l’est. Helen Mirren, en Elizabeth II, est extrêmement convaincante. Port altier, intransigeance hautaine, orgueil blessé… Elle joue avec d’infinies nuances. De son côté, Michael Sheen (qui avait déjà collaboré avec Stephen Frears sur le tournage de Mary Reilly) surprend agréablement dans le rôle de Tony Blair. Sourire ultrabright, visage très découpé, il donne à son rôle un enthousiasme et une sensibilité très intéressantes. Quant à Diana, au cœur du drame, elle n’est représentée qu’à travers des images d’archives, ce qui permet au réalisateur de rapprocher habilement fiction et réalité.

Sur le fond, tout le film est basé sur l’opposition entre tradition et modernité. D’un côté, la famille royale, engoncée dans un système féodal dépassé et refusant d’accorder le moindre honneur à la défunte, ex-princesse divorcée. De l’autre, le peuple, qui désavoue les valeurs de cette monarchie ou, du moins, lui demande de les assouplir. Et au milieu, en arbitre de ce qui est devenu une affaire d’État, Tony Blair, l’élu du peuple, qui sait qu’il doit sauver la monarchie pour pouvoir gouverner.

Deux scènes fortes. La première : dans un salon de Balmoral, alors que la télévision diffuse les hommages de Clinton ou Mandela à Diana, la famille royale parle de chasse à courre… La seconde, en écho à la première : seule dans la nature, Elizabeth II croise un cerf, noble, majestueux, poursuivi par des chasseurs. Elle semble s’identifier à lui. Tous deux, d’une certaine façon, jouent leur tête.

L’histoire aboutit finalement à une révolution, sans tête coupée (en tout cas, pas celle de la reine…), sans abolition de la monarchie, mais une révolution quand même, dans la mesure où la reine s’incline face à la pression populaire et ravale son orgueil. Un compromis politique pour survivre et durer, conserver une forme d’autorité, même sans pouvoir, et maintenir les apparences tout en acceptant le changement d’époque.

Stephen Frears et son scénariste Peter Morgan ont sûrement réalisé ce qu’on pouvait faire de mieux sur ce sujet peu cinématographique et casse-gueule. C’est juste et intelligent.

Musique : Alexandre Desplat.

Mostra de Venise 2006 : Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine pour Helen Mirren, Osella du meilleur scénario pour Peter Morgan. Oscar 2007 de la meilleure actrice pour Helen Mirren.

Frédéric Viaux (film vu le 14/07/2009)

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