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Fiche technique
Mon avis
Pour son quinzième film, Claire Denis retrouve le continent africain, elle qui a grandi au Cameroun. Elle signe avec Marie NDiaye, la romancière, un scénario rude et juste. Relents de colonialisme, rapports tendus entre Noirs et Blancs, pauvres et riches (saisis dans une dialectique de domination/rébellion), guerre civile, enfants soldats, corruption… Autant de sujets abordés de façon évanescente. C’est à la fois une qualité et une limite. On connaît et on apprécie le style de la réalisatrice, parfois à la limite de l’abstraction. On se laisse séduire ici par une torpeur languissante mais menaçante. Menace sourde et lourde, ponctuée d’éclairs de violence, jusqu’au chaos, jusqu’à la folie sanglante. Claire Denis filme très près des corps, des visages, et porte paradoxalement un regard distancié, sans jugement. Le problème avec cette approche, certes très esthétique, c’est que les sujets paraissent effleurés et les motivations/réactions des personnages pas toujours limpides : le coup de folie du fils n’est pas assez bien introduit pour que l’on y croie, le personnage incarné par Michel Subor n’est pas très travaillé et il est difficile de comprendre le geste final de l’héroïne…
Côté casting, Isabelle Huppert porte le film sur ses épaules. Très convaincante en résistante obstinée et inconsciente. Tout en maigreur et en rousseur, vêtue de robes datées aux couleurs passées, son aspect physique ajoute à l’étrangeté de cette étrangère. Christophe Lambert : plutôt bon, dans un registre sobre. Michel Subor : toujours aussi mystérieux et magnétique.
Musique : Tindersticks.
Frédéric Viaux (film vu le 05/04/2010)