Winter Break
The Holdovers
Fiche technique
Mon avis
Un très bon scénario qui, sans être d’une originalité ni d’une ambition folles, se déploie avec une qualité constante en touchant juste, que ce soit en matière d’humour ou d’émotion. Un scénario qui évite les facilités attendues dans ce type d’histoire réunissant des personnages que tout sépare a priori. Il y a toujours un petit pas de côté, des idées et des détails qui témoignent d’une acuité dépassant le registre commun, sans appuyer. Le déroulé narratif est habile, avec un dévoilement progressif des histoires personnelles des personnages centraux (lesquels gagnent ainsi en épaisseur et en complexité au fil du temps), avec des interactions qui s’enrichissent de manière intelligente et sensible, avec aussi des considérations sociales toujours pertinentes, notamment sur les privilèges de classe, les familles recomposées, les enseignements de l’Histoire, etc. Les dialogues, qui font le grand écart entre vachardise piquante et tendresse pudique, sont subtilement écrits. Et subtilement servis par d’excellents acteurs, Paul Giamatti en tête, dans un rôle mal aimable qu’il parvient à rendre attachant, celui du bourru-pédant-cynique-inflexible qui s’éveille à l’empathie. Grande performance d’acteur. Dominic Sessa et Da’Vine Joy Randolph contribuent également avec talent à l’expression d’une humanité cabossée. Alexander Payne, à la réalisation, regarde ces beautiful losers avec l’humanisme qui fait sa singularité de cinéaste, heureux mélange de générosité et de causticité, dans un récit d’apprentissage qui réconforte sans se départir d’un réalisme doux-amer. Tout cela dans une esthétique vintage seventies savamment dosée et sur une BO très fournie et très bien choisie. Un vrai beau film de Noël !
Oscar 2024 de la meilleure actrice dans un second rôle (Da’Vine Joy Randolph).
Frédéric Viaux (film vu le 24/12/2023)